Rencontre entre l'écrivain français Alexandre Dumas et la poétesse azerbaïdjanaise Khourchidbanou Natavan

  12 Février 2022    Lu: 1602
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Lors de sa visite dans le Caucase en 1858-1859, l'écrivain français Alexandre Dumas (1802-1870), s’est rendu en Azerbaïdjan où il a fait connaissance de Khourchidbanou Natavan, poétesse azerbaïdjanaise.

Khourchidbanou Natavan (1832-1897) est une poétesse azerbaïdjanaise célèbre pour ses poèmes lyriques. Elle est née à Choucha, dans la famille du khan du Karabagh Mehdigoulou khan. Le khan donna à sa fille le nom de sa mère Khourshidbanou. Comme elle était la fille unique de la famille et la dernière héritière du khanat de Karabagh, on l’appelait aussi « Durru yekta » (Perle unique) au sein du palais, et « Khan kizi » dans le peuple.

Mir Mohsun Navvab, peintre azerbaïdjanais, calligraphe, théoricien de la musique, et poète, lui aussi né à Choucha et contemporain de la fille du khan, décrit Natavan comme étant une femme sincère, élégante, très talentueuse, aussi bien dans la poésie, l’artisanat d’art et la peinture. « Le Cahier de Fleur », où sont rassemblées ses peintures, est conservé dans les archives de l’Institut des Manuscrits.

L’écrivain français Alexandre Dumas (1802-1870), s’est également rendu en Azerbaïdjan lors de sa visite dans le Caucase en 1858-1859. Peu de temps après son retour, en avril 1859, les impressions de voyage au Caucase en trois volumes (« Voyage au Caucase ») sont publiées en français à Paris. Il y raconte notamment comment il fit connaissance de Khourchidbanou Natavan, de son mari, le prince Khassay Utsmiyev, et de leur famille lors d’une visite à la maison de Pigulevski, un chef de la police de l’un des quartiers de Bakou. Une amitié sincère se noua entre eux. Dumas joua aux échecs avec la poétesse, et le résultat du match fut mémorable : Natavan fit Dumas échec et mat. Elle n’avait que 26 ans, et Dumas 56.

Pour la récompenser de sa victoire, et en signe d’admiration devant son intelligence, Dumas offrit à Natavan un buste de Napoléon qu’il avait apporté de Paris et un élégant jeu d’échecs en ivoire. Le père d’Alexandre Dumas était général dans l’armée de Napoléon, et il éprouvait une vénération particulière pour Napoléon. Ce cadeau symbolisait la grande estime qu’il éprouvait pour la poétesse, à la fois pour son habileté aux échecs, et sa brillante personnalité.
Khassay khan Utsmiyev fait don à Dumas d’un porte-monnaie et de deux arkhaligs, tissés par sa femme Natavan de ses propres mains.

La rencontre ayant eu lieu à Bakou, le tableau fait apercevoir la vieille ville et la tour de la Vierge depuis la fenêtre de la pièce.

A l’intérieur du vase de fleurs situé sur le côté gauche de Natavan, on peut voir un Ophrys. Cela illustre le fait que la fille du Khan était originaire de Choucha. Natavan est représentée dans ce tableau sans foulard, symbole qu’elle est une femme libre. Sur le placard situé à droite de Dumas se trouve le buste de l’empereur Napoléon.

Dans son « Voyage au Caucase », Alexandre Dumas père raconte les événements dont il fut le témoin lors de son voyage en Russie et au Caucase de la mi-1858 au début de 1859.

Plus de 68 chapitres du récit de voyage de 68 chapitres sont consacrés à l’Azerbaïdjan.Dans les chapitres consacrés à la Géorgie et au Daghestan, des pages entières et de nombreux épisodes concernent les Azerbaïdjanais. Parce que, comme l’écrivait le poète russe Mikhaïl Lermontov, les Azerbaïdjanais est le peuple le plus répandu du Caucase et de l’Asie.

Dumas est fasciné par l’hospitalité des habitants, il décrit comment la nourriture, l’eau et le repos sont offerts gracieusement aux voyageurs. Il s’attarde sur les armes des Azerbaïdjanais, la fauconnerie, les combats de lutte. Il rapporte avec douleur les attaques dévastatrices de l’armée russe sur ces lieux, donne la description de plus de 20 villes, monts, rivières, forêts. Le tissage des tapis à Guba, Chamakhi et Nukha, les motifs colorés, les ornements des tapis fascinent Dumas.
Il raconte qu’un poignard préparé ici, avec un fil tranchant comme un rasoir, un fourreau décoré, au manche en ivoire et en argent, a été échangé par un chef des montagnards contre quatre chevaux et deux femmes.

Il est fasciné par la beauté charmante des forêts d’Astara-Lankaran et les troupeaux d’animaux sauvages qu’il a vus.

Le voyageur sensible écrit également sur les traits de caractère des gens vivant dans ces lieux : « Quand on négocie quelque chose avec un Azerbaïdjanais, il n’est pas nécessaire de lui demander un document signé. S’il a promis, alors ce sera fait. »

Il exprime ses observations et opinions sur les Arméniens comme suit : « toujours despo­tiques, mais toujours de religions différentes, mais toujours barbares, n’ayant que leurs caprices pour règle, que leurs volontés pour loi. Il en résulte que, voyant que leurs richesses étaient un sujet de persécution, ils ont dissimulé leurs richesses ; reconnaissant qu’une parole franche était une parole impru­dente, et qu’à cette parole imprudente leur ruine était suspen­due, ils sont devenus taciturnes et faux.»

L’écrivain parle de la sériciculture, qui a fait connaître Nukha au monde, de « l’usine qui exporte des matières premières de 16 millions chaque année », et n’oublie pas de mentionner cet épisode intéressant : « comme les trois quarts des vers à soie des régions du Piémont et de Milan, situées au sud de l’Italie, ont péri à la suite de l’épidémie, les trois marchands italiens sont venus à Nukha pour acheter des graines de vers à soie. Cependant, ont refusé de vendre cette graine à Chaki. C’est dû à la concurrence. »

Dumas donne des traits et des informations précis sur les monuments historiques qu’il a vus à Bakou – « La Mosquée Fatima », « Atechgah » et « La Porte du loup. » Il exprimé son admiration pour le palais des khans de Chaki en ces termes : « Mon Dieu, protège ce beau monument historique des étrangers ! »

Dumas décrit Bakou, la « demeure des vents », la mer Caspienne, qui n’a accès à aucune mer, à aucun océan, avec une langue poétique, et avec une précision scientifique de géographe : « … Oh, la Caspienne flottant comme un oiseau dans une cage ! Tu te sens désolée de ne pas pouvoir vous connecter à d’autres mers. Tu ne sais pas c’est qu’une marée… adieu, la mer Caspienne ! Je voulais tellement te voir… »
Les peintures de son ami, le célèbre artiste français Jean-Pierre Moynet, qui accompagnait Dumas lors de ce voyage, reflétent également les beautés mystérieuses de l’histoire de l’Azerbaïdjan.

Les deux voyageurs ont dessiné le « portrait » de l’Azerbaïdjan avec des mots et des couleurs. La première édition française du « Voyage au Caucase », publiée à Paris en 1859, comprenait également des reproductions de nombreuses peintures de Moynet. L’œuvre a été publiée en russe à Tbilissi en 1861 et en anglais à New York en 1962.

L’érection des statues de Natavan dans les villes européennes est aussi le fruit de la rencontre historique et de bonnes relations de deux personnalités célèbres de la France et de l’Azerbaïdjan il y a deux siècles.

Avec le soutien de la Fondation Heydar Aliyev, un monument à l’éminente poétesse azerbaïdjanaise Khourchidbanou Natavan a été inauguré à Waterloo, en Belgique. Les mots « Khourchidbanou Natavan, poétesse moderne de l’Orient, princesse du Karabagh, Azerbaïdjan » sont gravés sur le piédestal de la statue.

Un autre monument à Khourchidbanou Natavan a été érigé en 2017 dans le « Parc d’Azerbaïdjan » situé sur les rives du lac Léman dans la ville française d’Evian-les-Bains.

Les cultures sont le pont le plus fiable reliant les peuples et les pays.

Ambassade de la République d'Azerbaïdjan en France


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