La justice interdit la construction du plus grand parc éolien terrestre de France

  04 Avril 2025    Lu: 451
La justice interdit la construction du plus grand parc éolien terrestre de France

Clap de fin pour un projet vieux de 20 ans et un contentieux de huit ans. Le 3 avril, la Cour d’Appel administrative de Nancy a annulé l’autorisation de construction d’un parc de 63 éoliennes du Mont des Quatre Faux (Ardennes), le plus grand projet terrestre en France.

Les origines du dossier remontent en réalité à 2005, il avait alors été lancé par un spécialiste belge des énergies renouvelables, Renner, avant de céder une participation de 50% en 2014 à EDF Renouvelables. Trois ans plus tard, après que les études nécessaires ont été réalisées, le Préfet des Ardennes accordait une autorisation aux futurs exploitants.

Plusieurs recours ont été déposés, l’autorisation préfectorale a été à nouveau confirmée en 2020 avant d’être à nouveau attaquée. Jusqu’à la décision du 3 avril. La cour a notamment jugé que «les seuils d’alerte admis pour apprécier le phénomène de saturation visuelle sont largement dépassés pour les habitants de Cauroy, Machault, Mont-Saint-Remy, Dricourt et Pauvres». Situé sur un «vaste plateau composé de terres agricoles peu boisées offrant de larges vues et comportant peu d’obstacles visuels», comme la Cour le précise, le parc du Mont des Quatre Faux aurait donc généré «de fortes visibilités en raison du nombre important d’éoliennes dans un rayon de 10 km déjà autorisées dans le secteur».

Mais le dossier n’est peut-être pas encore bouclé. EDF Renouvelables ne s’interdit pas de déposer un recours devant le Conseil d’État, à condition que celui-ci se déclare compétent. Une issue espérée par certains. Le maire de Cauroy, Dominique Danneaux, ne décolère pas, furieux de voir «vingt ans de travail ainsi balayé». Il explique être «hyperfavorable au projet. Avec cette décision de justice, on donne raison à une minorité, à peine 3% de la population. Deux enquêtes publiques, dont les résultats étaient favorables ont été menées».

L’édile décrit un projet depuis son origine porté par les élus de sept communes, décidés à «éviter le mitage (du territoire) avec de petits projets». Lesquels se sont d’ailleurs multipliés au cours des dix dernières années, avec une demi-douzaine de parcs construits dans le secteur, comme celui de Vaux Coulommes à quelques kilomètres à vol d’oiseau. «Si mes concitoyens étaient contre le projet de parc éolien, je l’aurais abandonné depuis longtemps», ajoute Dominique Danneaux, avant d’ajouter «nous sommes dans une zone ventée en permanence. J’habite au lieu-dit des Quatre-Vents. Les éoliennes c’est chez nous qu’elles doivent être».

D’autant que les retombées économiques d’un tel projet sont loin d’être neutres. Ce parc, d’une capacité de 226 mégawatts, aurait en effet pu produire l’équivalent de la consommation de 200.000 personnes. Les travaux d’installation des éoliennes auraient dû apporter un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros aux entreprises de construction, essentiellement locales. Au moins une dizaine d’emplois auraient dû être créés pour en assurer la maintenance, sans compter les 2 millions d’euros de retombées fiscales espérées par les collectivités locales et les loyers qui auraient dû être versés aux agriculteurs.

Avec Le Figaro


Tags: France  


Fil d'info