Les modèles de tolérance et de coexistence: le cas azerbaïdjanais inspiration pour une nouvelle Europe?
AzVision.az a l`honeur de présenter à ses lecteurs la version originelle de l`article:
Face à la vague de radicalisation et des attentats terroristes l’Europe cherche une réponse adéquate contre les menaces sociétales.
Comment faire face à la radicalisation et au recrutement de citoyens européens par les groupes radicaux religieux qui gangrènent les sociétés pluralistes occidentales ?
De nombreux pays s’efforcent actuellement d’élaborer des dispositifs juridiques, politiques, et même militaires pour faire face à la radicalisation. Mais avant la prise de toutes les mesures politiques et juridiques il faut accepter le fait que le phénomène de radicalisation est une donnée sociale. Alors pour empêcher le succès des courants radicaux il faut avant tout avoir le courage de s’attaquer à la question sociale.
La présente publication analyse les relations entre religion et Etat, épicentre de tous les problèmes. En ce sens l’étude du cas azerbaïdjanais nous permettra de réfléchir aux objectifs principaux face aux déficits sociétaux de la plupart des pays européens dans la lutte contre la radicalisation de ses citoyens.
Genèse historique du problème de « radicalisation »
La radicalisation est un fléau qui trouve son origine dans notre société. Sans mener une politique religieuse d’Etat à l’égard du multiculturalisme religieux il semble absolument impossible de prévenir la radicalisation de nos jeunes.
Selon les penseurs et théologiens orientaux les musulmans ne sont pas terroristes mais tous les terroristes se disent musulmans. Le terrorisme et le radicalisme n’ont aucun lien de causalité avec l’islam basé sur les lois de Charia. Mais cette réalité ne s’accorde pas avec nos émotions, lorsque nous attendons « Allah-Akbar », « djihad », « l’Etat islamique » hurlé par les kamikazes islamistes et antisémites s’attaquant aux citoyens innocents dans les rues de Paris, (Charlie, Hebdo, Hyper Cache), de Beyrouth, d’Istanbul ou de Jakarta.
La radicalisation est un phénomène mondial qu’elle soit politique, ethnique ou religieuse. Tout au long de l’histoire, l’homme a été confronté à un terrorisme fondé sur diverses idéologies, comme le nationalisme, le séparatisme ou l’extrémisme religieux.
Bien que l’écrasante majorité de la population mondiale toutes origines ou confessions confondues, recherche la tolérance et la coexistence pacifique, les processus de radicalisation représentent aujourd’hui une menace grandissante pour la sécurité globale.
L’apparition pour la première fois du mot « djihad» dans ce contexte remonte aux groupes extrémistes au cours de la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan (1979-1989).
Cependant beaucoup de choses ont changé lors des dernières années, surtout, après l’attentat terroriste sans précédent du «11 septembre 2001» aux Etats-Unis perpétré par les djihadistes islamistes d’Al-Qaïda, en particulier, en terme de méthodes d’attaque et avec l’élargissement des menaces idéologiques de ces groupes extrémistes radicaux sur une grande partie de la planète (d’abord l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, le Moyen Orient, maintenant la France, le Royaume-Unis, le Pays-Bas ou la Belgique, l’Occident et enfin les Etats-Unis).
En ce sens, de plus en plus de pays répartis dans le monde entier ont affaire au terrorisme et aux processus de radicalisation, prodromes de ces attaques. C’est pourquoi, outre la mise en œuvre d’une politique répressive, ces pays devraient travailler préventivement à développer des outils, des moyens permettant de faire obstacle aux processus de radicalisation.
La radicalisation se trouve au centre de toutes les attentions depuis les récents attentats en Europe qui ont fait apparaître les forces centrifuges d’un terrorisme d’origine interne. Les attentats du 13 novembre 2015 qui ont frappé la France comme jamais nous obligent à réexaminer tous les outils de notre défense et de notre sécurité à court et à long terme, anticipant que ces nouvelles menaces risquent malheureusement de devenir durables.
L’état d’alerte en Europe est caractérisé par le fait que les groupes extrémistes religieux trouvent facilement les moyens de disséminer leurs idéologies parmi les jeunes en les transformant en «potentiels terroristes» dans les sociétés démocratiques occidentales.
Autrement dit il est arrivé de rencontrer de nouvelles formes d’actes extrémistes comme des attaques au couteau assénées avec le slogan «T’es pas musulman mec», utilisé souvent par les terroristes islamistes à Jérusalem, mais aussi récemment dans les capitales des pays occidentaux (par ex : la station Leytonstone dans l’est de Londres au Royaume-Uni).
Le nombre croissant de «combattants étrangers» a aussi démontré la nécessité d’une réponse européenne à ce problème alors que ces politiques contre la radicalisation et contre le terrorisme restent encore de compétence nationale. La politique de chaque pays à l’égard de la religion a des caractéristiques différentes.
En ce sens, les différentes approches dans ce domaine devraient être communiquées et échangées au niveau mondial, afin de permettre à chaque pays d’apprendre davantage des expériences des autres et de pouvoir améliorer et renforcer les politiques mises en œuvre. Il va sans dire que chaque pays doit et devra maintenir sa propre politique antiterroriste, adaptée à la situation du pays, voire même de la région.
Même si la plupart des Etats européens ont assuré la séparation de la religion et de l’Etat, la laïcité ne doit pas nous faire négliger l’importance de la religion dans la société.
Suite au choc provoqué par le traumatisme du 13 novembre 2015, les gouvernements européens ont retenu une approche très différente des pays musulmans pour faire face à la vague de radicalisation et lutter contre l’islamisme radical. Le cas de l’Azerbaïdjan pourrait être étudié par les Etats européens dans l’ensemble comme un modèle à succès assez unique en son genre. Certes, il apparaît que la plupart des pays n’en sont qu’au début de l’élaboration d’une politique de lutte contre la radicalisation et que le processus de radicalisation doit encore être mieux cartographié.
Mais le cas d’Azerbaïdjan, pays séculaire à majorité musulmane, présente une « île de paix » pour l’harmonie de toutes les communautés multi-confessionnelles dans une société fondée sur le respect mutuel.L’Azerbaïdjan au peuplement multiculturel, a subi longtemps l’influence des cultures des grands empires comme l’Empire Byzantin Perse, Russe, Ottoman. Elle a été le lieu de différentes religions abrahamiques et non abrahamiques le culte du feu, le christianisme (l’Albanie du Caucase), le zoroastrisme, le judaïsme, l’islam.
Après une période difficile d’adaptation de ces pays récemment indépendants (18 octobre 1991) l’Etat a donné à ses citoyens toutes libertés de conscience et de foi religieuse conformément à l’article 48 de la Constitution de la République d’Azerbaïdjan.
La société multi-confessionnelle à l’intersection des religions et des cultures diverses entre l’Orient et l’Occident connaît depuis des siècles une coexistence des Juifs avec une majorité musulmane. Cette convivialité (au sens étymologique du terme) judo-musulmane est rare dans les pays arabo-musulmans, sans oublier que l’Azerbaïdjan est le deuxième pays dans le monde après l’Iran où réside la plus grande communauté musulmane chiite.
L’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française en Azerbaïdjan Mme Aurélia Bouchez a déclaré le 10 novembre 2015 “La stabilité et la tolérance religieuse existant en Azerbaïdjan peut être un exemple même pour les pays européens”.
Une opinion proclamée trois jours avant l’attentat terroriste de Paris à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan qui est parvenue à neutraliser les facteurs déstabilisateurs des courants religieux radicaux dans le voisinage oriental de l’Europe, n’est pas par le hasard.
Ces opinions sont confirmées par les recommandations du chef de la Synagogue Sinaï, le célèbre rabbin Deyvid Uolpi que « L`Azerbaïdjan est un exemple de tolérance au monde. Aujourd’hui contrairement à de nombreux pays développés dans le monde, les Juifs vivent en paix en Azerbaïdjan et les Juifs peuvent se promener librement dans les rues de Bakou avec les costumes et les kippas juifs. »
Cette harmonie n’est pas tombée du ciel, elle n’a été réalisable que par une approche systémique à l’égard des facteurs de déséquilibres issus des dangereuses tendances de radicalisation dans les régions voisines…