Cœur ou étoile?
En bas à droite de chaque tweet, près des symboles de réponse et de retweet, figurait une icône en forme d’étoile. En cliquant dessus, l’étoile se colorait en jaune et vous ajoutiez un tweet à vos favoris. Tous les tweets mis en favori pouvaient être retrouvés dans l’onglet "Favoris" sur votre page personnelle. A la place de l’étoile se trouve désormais un coeur, qui se colore en rose et s’anime lorsque vous le sélectionnez.
Selon Twitter, la petite étoile perturbait les nouveaux utilisateurs. "Nous savons que parfois les étoiles pouvaient prêter à confusion, en particulier pour les nouveaux utilisateurs. Vous pouvez aimer beaucoup de choses, mais toutes ne peuvent pas être vos favorites", fanfaronne le réseau social dans son annonce.
Le cœur, en revanche, est un symbole universel qui résonne à travers les langues, les cultures et les fuseaux horaires", poursuit le texte.
"Le cœur est plus expressif, ce qui vous permet de transmettre une gamme d’émotions et de vous connecter plus facilement avec les gens. Et lors de nos précédents tests, nous avons constaté que les gens ont adoré l’utilisation de ces coeurs."
La fonction sera également étendue à Vine, l’appli de vidéos de six secondes maximum de Twitter, qui contenait auparavant un smiley. Twitter utilise déjà des coeurs sur son appli de vidéo en direct, Periscope. Les gens peuvent cliquer autant de fois qu’ils le souhaitent sur l’écran pour faire apparaître autant de coeurs. "Vous avez adopté les coeurs de manière exceptionnelle sur Periscope, et nous sommes ravis aujourd’hui de les intégrer à Twitter et Vine, homogénéisant ainsi les échanges pour l’ensemble de notre communauté", précise le réseau social.
Une croissance en berne
Le timing évoque fortement Facebook, sur lequel Twitter calque le mot "like", mais aussi parce que le site de Mark Zuckerberg vient également de repenser ses interactions. Facebook teste de nouvelles fonctions pour réagir aux posts, avec six emoji : un cœur (tiens !), un personnage qui rit, un autre qui sourit, un visage étonné, un triste et un énervé. Ces nouvelles possibilités sont uniquement disponibles en Irlande et en Espagne, et seront déployés au reste du monde selon les résultats de ces premiers tests.
La nouvelle fonctionnalité de Twitter fait également écho au récent long texte de Chris Sacca, investisseur dans la société, à propos des moyens pour Twitter de faire croître son audience. Il notait alors que "favori" était un mot trop fort pour un bouton de réaction et qu’inclure un coeur dans les tweets créerait des réactions positives encourageant à poster plus et à visiter plus souvent le site.
Si Twitter est très populaire chez les journalistes ou les passionnés de nouvelles technologies, le site est à la traîne. Twitter a 320 millions d’utilisateurs, bien loin du 1,5 milliard de Facebook. Il vient de présenter ses résultats pour le troisième trimestre 2015, avec 569 millions de dollars de chiffre d`affaires, en progression de 58% sur un an, mais d`à peine 13% en trois mois. De plus, Twitter n`a recruté que 4 millions de nouveaux utilisateurs depuis le mois de juillet, soit 1,25% de son audience actuelle. Immédiatement après publication de ces résultats, l`action du réseau social a perdu 13% lors des échanges suivant la clôture de la Bourse de New York.
Sans doute sous pression, Jack Dorsey, cofondateur et nouvellement nommé PDG, a récemment affirmé que Twitter allait "devenir plus facile à utiliser semaine après semaine".
Faver n’est pas aimer
Comme pour tout nouveau changement, les utilisateurs de Twitter se sont empressés de dire que c’était mieux avant - et nous en faisons partie. Avec un brin de mauvaise foi, des hashtags dédiés ont même émergé, comme #FavGate ou #RemplaceEtoileparCoeur.
Mais pourquoi les utilisateurs sont-ils si attachés à ces étoiles ? Parce que "faver" n’est pas aimer. Une équipe de chercheurs britanniques et allemands s’était penché sur la questions et avait défini 25 raisons différentes de "faver" : accuser réception d’un message, remercier une personne, apprécier un bon mot ou encore sauvegarder le lien d’un texte pour le lire plus tard. On ajoutera que le "fav" peut être ironique ou passif-agressif, pour se moquer d’un internaute par exemple.
On a posé la question à la volée sur Twitter en utilisant une autre nouvelle fonction, celle du sondage. Et il s’avère que les twittos n’ont pas (encore) le coeur à ne plus faver.