On connaît les mécanismes classiques d’apprentissage de la peur. Le premier est le conditionnement : lorsque nous ressentons une douleur dans un contexte précis, ce même contexte inspirera dorénavant la peur. C’est ce mécanisme qui fut identifié par Pavlov il y a déjà un siècle. Mais il existe une autre forme d’apprentissage de la peur : c’est ce qui se produit lorsque nous voyons une personne éprouver une douleur dans un contexte donné. Par simple observation – sans éprouver la douleur nous-mêmes – nous acquérons la crainte de ce contexte. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage social de la peur.
Les neurones de la peur apprise
Cet apprentissage social reposerait, nous révèle une étude de l’université de l’Illinois à Chicago, sur des circuits de neurones localisés au sein même de la structure cérébrale classique de la peur, l’amygdale cérébrale. Cette dernière est composée de plusieurs subdivisions nommées noyaux : le noyau central, le basolatéral, le latéral et le médial.
Les neurobiologistes américains viennent de démontrer qu’une connexion neuronale entre l’amygdale latérale et l’amygdale médiale est nécessaire à ce transfert de la peur d’un individu à l’autre. Lorsqu’elle est affaiblie – notamment en raison de mutations sur un gène appelé neuréguline, altéré chez certains autistes –, l’apprentissage social de la peur fait défaut. Mais il peut être restauré par des techniques de pointe telle la chimiogénétique, qui consiste à activer artificiellement des neurones par une combinaison de neurotransmetteurs et de leurs récepteurs exprimés par le biais d’un vecteur viral… Une « chimiogénétique » qui pourrait un jour venir en aide aux patients dont l’apprentissage social des émotions est défaillant.
SÉBASTIEN BOHLER / POUR LA SCIENCE
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