«Conformément à mon décret, le Bureau fédéral de la gestion du personnel publiera un nouveau règlement de la fonction publique pour les fonctionnaires de carrière», a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.
Plus précisément, le dirigeant de 78 ans indique qu’à l’avenir, les fonctionnaires qui travaillent sur des questions politiques seront reclassés dans la catégorie appelée «Schedule policy/career» («calendrier politique/carrière» en français). Une requalification qui priverait les agents concernés de la protection de leur emploi. «Si ces fonctionnaires refusent de défendre les intérêts politiques du président ou s’ils se livrent à des actes de corruption, ils ne devraient plus avoir d’emploi», a estimé Donald Trump sur Truth Social, ajoutant que «c’est une question de bon sens, qui permettra au gouvernement fédéral d’être enfin “géré comme une entreprise”».
De quoi rendre plus aisé le licenciement de fonctionnaires considérés comme déloyaux à l’égard de l’administration Trump, pour les remplacer par des fonctionnaires idéologiquement alignés sur le républicain. Si le décret signé par le président américain en janvier assure que ces agents ne sont pas «obligés de soutenir le président actuel ou les politiques de son administration», ceux-ci sont tout de même «tenus de mettre en œuvre fidèlement les politiques de l’administration au mieux de leurs capacités». «Le non-respect de cette obligation constitue un motif de licenciement», précisait le texte.
Ce reclassement de nombreux fonctionnaires, connu aux États-Unis sous le nom de «Schedule F» («annexe F» en français), Donald Trump l’avait déjà ordonné à la fin de son premier mandat. Mais son successeur Joe Biden l’avait annulé dès le premier jour de sa présidence en 2021. Il y avait toutefois de fortes chances que cette annexe soit ressuscitée en cas de retour à la Maison Blanche du républicain. Cette mesure était en effet l’un des éléments clés du «Projet 2025», ce document de 900 pages élaboré par la Heritage Foundation, un cercle de réflexion trumpiste, devant orienter la politique de Donald Trump en cas d’élection de ce dernier. Le Projet 2025 avait même entrepris d’établir une base de données de quelque 20.000 bons et loyaux trumpistes prêts à remplacer les fonctionnaires en place.
Si le milliardaire républicain avait pris ses distances avec ce document programmatique durant la campagne, force est de constater qu’avec l’annonce de vendredi, il met (encore) en œuvre l’une de ses principales recommandations. L’«annexe F» pourrait permettre à l’administration Trump de licencier jusqu’à 50.000 fonctionnaires fédéraux, soit environ 2% des effectifs totaux (2,3 millions), ont rapporté les médias américains. Selon l’agence de presse Reuters, plus de 260.000 agents fédéraux ont déjà été licenciés, accepté des indemnités de départ, pris une retraite anticipée ou été désignés pour être licenciés depuis l’investiture de Donald Trump.
Sans surprise, l’annonce de la requalification de milliers de fonctionnaires a été dénoncée par les syndicats américains. Notamment par l’American Federation of Government Employees (AFGE), le plus grand syndicat de travailleurs fédéraux du pays avec ses 800.000 membres. «L’action du président Trump visant à politiser le travail de dizaines de milliers d’employés fédéraux de carrière érodera le système d’embauche au mérite du gouvernement et sapera la fonction publique professionnelle sur laquelle les Américains comptent», a fustigé son président Everett Kelley, cité par Reuters.
afp