La pollution de l'air réduit l'espérance de vie de trois ans

  03 Mars 2020    Lu: 1339
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D'après une étude, cette «pandémie» tue 19 fois plus que le paludisme, neuf fois plus que le sida, et près de trois fois plus que l'alcool.

La «pandémie» de pollution atmosphérique réduit l'espérance de vie dans le monde de près de trois ans en moyenne, et provoque 8,8 millions de décès prématurés par an, selon une étude publiée mardi. «La pollution de l'air est un plus grand risque pour la santé publique que le tabagisme», explique Jos Lelieveld de l'Institut Max Planck (Mayence, Allemagne) premier auteur de l'étude parue dans la revue de la Société européenne de cardiologie, Cardiovascular Research.

Un désastre qui pourrait être évité «en grande partie en remplaçant les combustibles fossiles par des énergies renouvelables propres», relève-t-il. Comparée à d'autres causes de décès prématuré, la pollution de l'air tue 19 fois plus de personnes chaque année que le paludisme, neuf fois plus que le VIH/sida, et près de trois fois plus que l'alcool, d'après l'étude. Les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) représentent près de la moitié de ces décès, les maladies pulmonaires et d'autres maladies non transmissibles comme le diabète et l'hypertension artérielle constituent la majeure partie du reste. Seulement 6% de la mortalité résultant de l'air pollué sont dus au cancer du poumon.

«Nos résultats montrent qu'il existe une «pandémie de pollution de l'air», commente Thomas Münzel (Institut Max Planck) responsable de cette recherche. «La pollution de l'air et le tabagisme sont évitables, mais au cours des dernières décennies, on a accordé beaucoup moins d'attention à la pollution de l'air qu'au tabagisme, en particulier chez les cardiologues», regrette-t-il.

L'Asie est la plus touchée: la durée de vie moyenne y est réduite de 4,1 ans en Chine, de 3,9 ans en Inde et de 3,8 ans au Pakistan. En Inde, dans l'Uttar Pradesh (200 millions d'habitants), la pollution par les particules fines réduit à elle seule l'espérance de vie de 8,5 ans, tandis que dans la province chinoise du Hebei, le déficit est de près de six ans, selon l'Air Quality Life Index, développé par des chercheurs de l'Energy Policy Institute de Chicago. L'espérance de vie des Africains est réduite de 3,1 ans en moyenne, et de 4,5 à 7,3 ans dans certains pays: Tchad, Sierra Leone, République centrafricaine, Nigeria et Côte d'Ivoire.

2,5 fois les estimations de l'OMS
Parmi les pays plus aisés, les anciens États satellites de l'Union soviétique ont la pollution la plus meurtrière, en particulier en Bulgarie, en Hongrie et en Roumanie. «Les deux tiers environ des décès prématurés sont imputables à la pollution d'origine humaine, principalement due à l'utilisation de combustibles fossiles», note Thomas Münzel. «Cela va jusqu'à 80% dans les pays riches», et ajoute-t-il, «5,5 millions de décès dans le monde par an sont potentiellement évitables». Les régions du monde les moins touchées sont les Amériques, l'Europe occidentale et septentrionale et les petits États insulaires.

Le chiffre de 8,8 millions de décès prématurés par an est le double des estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «L'impact de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiovasculaires et autres maladies non transmissibles a été considérablement sous-estimé», assure Jos Lelieveld, renforçant d'autres recherches faisant le même constat. Ainsi en Chine, le nombre de décès prématurés est de 2,8 millions par an, soit deux fois et demi les estimations de l'OMS.

La pollution de l'air endommage les vaisseaux sanguins, entraînant une élévation de la pression artérielle, du diabète, des AVC, des crises cardiaques et des insuffisances cardiaques. «La prise de conscience que la pollution de l'air est un risque majeur pour la santé peut contribuer à la volonté d'éliminer progressivement les combustibles fossiles - tout en permettant de réduire le réchauffement climatique», estime Jos Lelieveld.

Pour évaluer l'impact de la pollution de l'air sur l'espérance de vie, les chercheurs ont appliqué les données de l'année 2015 sur l'exposition aux microparticules (PM2,5) et à l'ozone à des modèles qui simulent comment les processus chimiques dans l'atmosphère interagissent avec les polluants naturels et artificiels, en intégrant les données épidémiologiques du Global Burden of Disease.

AFP


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