Car les rochers du littoral offrent peu de cachettes. Surtout, ces petits lézards de forme élancée offrent une très grande variabilité de couleur, déclinant l`écaillure de leur dos en plusieurs nuances du vert au brun selon les individus, ce qui les expose au regard des oiseaux prédateurs. Une étude menée par les Américains Kate Marshall, de l`université de Cambridge et Martin Stevens, de l`Université d`Exeter, montre que chaque lézard choisit soigneusement le rocher sur lequel il va lézarder en fonction de sa couleur, la plus proche possible de celle de son dos. Il augmente ainsi ses capacités de camouflage. Car ces lézards des murailles, très communs dans le sud des Balkans et beaucoup d’îles grecques, n’ont pas le talent d’autres types de lézard, caméléons ou geckos qui sont capables de changer rapidement de couleur pour se fondre dans leur environnement. Au lieu d’adapter la couleur de leurs écailles à leur environnement, ils cherchent donc un décor de la même couleur qu’eux ! Ci-dessous, un lézard des murailles des îles grecques.
Est-ce suffisant pour tromper les oiseaux de proie, dont la vision s’étend jusque dans l’ultraviolet ? Pour le savoir, Kate Marshall et son équipe ont utilisé des modèles de visualisation pour "percevoir" les lézards à travers les yeux des corneilles très présentes sur les sites étudiés. Ils ont ainsi constaté que chaque lézard pris individuellement se confondait plus parfaitement avec la roche qu’il s’était choisi qu`avec les roches élues par ses congénères. Donc, le choix du lieu de repos n’est pas laissé au hasard et chaque individu doit apprendre quel environnement intensifie son camouflage. Ci-dessous, l`animal choisit la roche la plus proche de la couleur de son dos. Crédit Kate Marshall.
C’est la première fois que ce comportement est mis en évidence en tenant compte de la vision des prédateurs. Et plus les espèces de prédateurs sont nombreuses, comme c’est le cas sur les îles grecques, plus les petits lézards sélectionnent soigneusement leur lieu de repos.
Ce qui indique que ce comportement adaptatif évolue en fonction du degré de risque de l’environnement. Il est de surcroît plus développé chez les femelles, les lézards mâles ayant le besoin contradictoire d’être vu pour attirer des partenaires. Mais comment ces lézards connaissent-ils avec autant de précision la couleur de leur propre dos ? Les chercheurs en sont réduits à émettre des hypothèses, invoquant la génétique ou l’expérience acquise dès le plus jeune âge grâce à l’expérience d’animaux plus âgés. Cela démontre, en tout cas, l’adaptabilité de chaque individu en fonction des différents micro-habitats sauvages dans le but d’augmenter ses chances de survie.
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