L’Arménie souhaite payer le gaz russe en rouble pour soulager son économie
Payer en rouble le gaz en provenance de Moscou, soit payer selon la monnaie nationale du fournisseur d’énergie, voilà la dernière idée du gouvernement arménien pour économiser quelques devises, car le rouble a subi une forte dépréciation. Une demande qui fait suite à une précédente qui portait quant à elle sur le prix du gaz jugé trop élevé par Erevan qui a de fait demander à Gazprom de consentir un geste commercial sur la facture globale. Diminuer le prix du gaz et le payer en rouble permettrait ainsi à l’Arménie de soigner quelque peu ses comptes publics déjà bien dans le rouge. Et c’est le Premier ministre en personne, Hovik Abrahamyan, qui en a fait officiellement la demande espérant une « réponse positive » à la question. Le Premier ministre de la Russie n’y verrait aucune contre-indication et s’apprêterait ainsi à donner son accord à l’Arménie d’ici peu.
Une rustine sur un pneu crevé
Si les économistes proches du pouvoir voient en cette requête une bonne manière de soulager quelque peu l’économie arménienne, les spécialistes plus objectifs en revanche y voient une mesurette, un gadget politique, un écran de fumée qui cache une réalité toute autre. Car avant de penser à payer le gaz russe en rouble, des voix s’élèvent pour réclamer un vrai projet économique pour le pays : pour Vahagn Khachatrian « La situation économique de l’Arménie est détériorée, et le gouvernement ne sait pas quoi faire. Nos entreprises disent qu’elles luttent pour survivre, et le gouvernement dit, je vais répondre à vos demandes ».
De graves problèmes de compétitivité existent dans le pays, ainsi qu’un écueil en termes de coordination entre le public et le privé, un manque d’investissement dans les infrastructures, un manque de politique ambitieuse envers les PME, un manque d’attractivité pour les investisseurs étrangers. C’est en cela que les économistes les plus indépendants d’Arménie estiment que cette demande cache une réalité toute autre : celle d’une économie à la peine et à la traîne car si le paiement en rouble est une solution, elle n’en est qu’une partie. Comme le déclare l’économiste Tatul Manaseryan : « cela seul ne suffit pas pour le progrès économique de l’Arménie. »
Vahagn Khachatrian est pour sa part encore plus dure avec le gouvernement arménien, estimant que » avant de prendre une mesure les autorités attendent d’être à terre. »