Une petite gorgée de plastique dans votre thé?

  26 Septembre 2019    Lu: 1228
Une petite gorgée de plastique dans votre thé?

Cette poche de thé pyramidale que vous trempez dans l’eau bouillante pour préparer votre thé libère des milliards de particules de plastique.

Voilà la conclusion d’une étude montréalaise qui vient de paraître dans Environmental Science & Technology. En entrevue téléphonique, la chercheuse principale Nathalie Tufenkji explique avoir eu l’idée d’examiner ces poches de thé qui ressemblent à de la soie lors de son rituel matinal. «J’avais l’habitude d’arrêter prendre une tasse de thé dans un café près du bureau. En regardant le sac de thé de forme pyramidale, je me suis demandé s’il était composé de plastique. Si c’est le cas, tremper du plastique dans l’eau bouillante n’est pas une bonne chose», raconte celle qui a aussi étudié la présence des microparticules dans l’eau embouteillée.

Avec l’aide du chercheur Hans Carl Larsson et de l’étudiante au doctorat Laura M. Hernandez, l’équipe de l’Université McGill a testé quatre marques de thé différentes. Les sachets ont été préalablement vidés et nettoyés pour enlever toute trace de thé ou de débris.

Comme pour la préparation d’un thé, les chercheurs ont laissé infuser ces sachets dans une eau chaude à 95 °C. Après 5 minutes, une petite partie du plastique se diffuse dans l’eau. Pour l’analyser, ils ont eu recours au microscope électronique, qui détecte les nanoparticules. Les chercheurs montréalais définissent les microplastiques comme étant d’une taille comprise entre 100 nanomètres à 5 millimètres alors que les nanoplastiques ont une taille inférieure à 100 nanomètres.

À leur étonnement, ils ont découvert qu’un seul sachet de thé, fabriqué à partir de nylon ou de polytéréphtalate d’éthylène, libérait différentes grosseurs de particules : jusqu’à 11,6 milliards de microplastique et 3,1 milliards de nanoplastique dans l’eau.

Plus de plastique que dans l’eau embouteillée

Dans une étude à venir sur l’eau embouteillée, les chercheurs ont mesuré les microparticules sans quantifier les nanoparticules. «On voyait de 1 000 à 2 000 particules de 100 microns par bouteille d’eau», souligne la scientifique. Dans cette étude-ci, le microscope électronique permettait de quantifier à la fois les micro et les nanoparticules. Cela représente, au total, une quantité de 16 microgrammes de plastique par tasse de thé.

Est-ce toxique pour l’humain?

Dans une seconde partie de l’expérience, les chercheurs ont testé le relâchement de ces particules de plastique chez l’espèce Daphnia magna, un minuscule crustacé couramment employé en recherche. Au sein du groupe étudié, quelques animaux présentaient «certaines anomalies anatomiques et comportementales». Ces résultats ne sont évidemment pas suffisants pour conclure à une toxicité chez l’humain. D’autres études seront nécessaires. De son côté, Nathalie Tufenkji évite maintenant de boire du thé avec sachet de plastique.

Québec Science


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