Le plus ancien massacre de l`histoire
Des adultes et des enfants
Parmi les ossements, 12 squelettes sont relativement complets. Les autres ossements sont en revanche bien plus fragmentaires, détaille l`étude publiée dans la revue britannique Nature. Il est certain qu`aucun n`a été enterré. "Ce n`est pas un cimetière : ces personnes n`ont pas été enterrées là délibérément", a expliqué Robert Foley, anthropologue et co-auteur de l`étude.
"Ils sont tombés et ont été abandonnés quand ils sont morts", a poursuivi pour Live Science le scientifique de l`Université de Cambridge. Certains sont même probablement morts dans le cours d`eau qui se trouvait dans la région à cette époque. Grâce aux sédiments, ils ont ainsi été relativement préservés jusqu`à aujourd`hui.
A partir de ces éléments, l`équipe a pu donner une estimation des victimes. Selon elle, les squelettes appartiennent à 21 adultes dont huit femmes, huit hommes et cinq de sexe indéterminé. Les autres sont des enfants, tous âgés de moins de 6 ans.
Les preuves d`un massacre
Les cadavres de dix des victimes portent des marques de violences mortelles. "Quatre d`entre eux ont des blessures qui semblent avoir été provoquées par des projectiles, peut-être des flèches", a expliqué Marta Mirazon Lahr qui a dirigé l`opération. L`équipe s`est ainsi rapidement rendue compte qu`elle se tenait face à un ancien massacre.
"L`ampleur de la mort - ça ne peut pas être un meurtre individuel ou un homicide parmi des familles", a relevé Robert Foley. "C`est le résultat d`un conflit intergroupe". Et l`attaque a été "brutale, physique, létale avec l`intention de tuer", a précisé Marta Mirazon Lahr. L`un des squelettes d`homme avait toujours une lame d`obsidienne planté dans son crâne. Un autre a eu la tête écrasée par une masse.
Le reste des ossements ne fait qu`aller dans le même sens : des côtes brisées, des doigts écrasés, des genoux cassés. La dépouille d`une femme a également interpellé les anthropologues. "Il y a cette jeune femme qui a été découverte assise. Elle avait les mains croisées dans une position très particulière, ce qui laisse suggérer qu`elle était attachée au moment de mourir", a détaillé Marta Mirazon Lahr.
La femme est également apparue enceinte : dans sa cavité abdominale, l`équipe a trouvé les restes d`un fœtus âgé de 6 à 9 mois.
Une découverte historique
Pourquoi un tel massacre ? L`équipe a son hypothèse. "Mon interprétation, c`est qu`ils s`agissait d`une petite communauté de personnes, à la recherche de nourriture, et qui a été attaquée par surprise", a indiqué l`anthropologue. Il y a 10.000 ans, la plupart des groupements humains n`étaient pas encore sédentarisés.
Ces derniers auraient donc pu être une tribu de chasseurs-cueilleurs, victimes d`un guet-apens. Les ressources étant rares à cette époque, le vol pourrait être l`une des explications. De plus, la région était bien plus luxuriante dans le passé. À l`époque, se tenait à Nataruk une étendue d`eau ainsi qu`une nature bien plus abondante, ce qui apporte encore davantage de crédit à la théorie du vol.
D`après les chercheurs, ce massacre serait le plus vieux jamais mis au jour. "Ces restes humains apportent la preuve unique d`un événement guerrier parmi les chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire", a souligné l`équipe. Une nouvelle preuve que "la violence est une partie assez omniprésente du répertoire du comportement humain", a conclu Robert Foley.