Le plus ancien massacre de l`histoire

  22 Janvier 2016    Lu: 1020
Le plus ancien massacre de l`histoire
Des spécialistes ont mis au jour plusieurs squelettes à quelques kilomètres du lac Turkana dans le nord du Kenya. De nombreux éléments suggèrent que les défunts auraient été tués violemment il y a 10.000 ans, faisant de la scène, le plus ancien massacre découvert jusqu`à présent.
C`est une découverte macabre que des chercheurs viennent de faire au nord du Kenya. Non loin du lac de Turkana sur un site désertique du nom de Nataruk, les dépouilles de 27 cadavres ont été exhumées, et les squelettes sont loin d`être anodins. Ils comportent tous des traces de coups et blessures graves, laissant peu de doute sur la cause de leur mort.

Des adultes et des enfants

Parmi les ossements, 12 squelettes sont relativement complets. Les autres ossements sont en revanche bien plus fragmentaires, détaille l`étude publiée dans la revue britannique Nature. Il est certain qu`aucun n`a été enterré. "Ce n`est pas un cimetière : ces personnes n`ont pas été enterrées là délibérément", a expliqué Robert Foley, anthropologue et co-auteur de l`étude.

"Ils sont tombés et ont été abandonnés quand ils sont morts", a poursuivi pour Live Science le scientifique de l`Université de Cambridge. Certains sont même probablement morts dans le cours d`eau qui se trouvait dans la région à cette époque. Grâce aux sédiments, ils ont ainsi été relativement préservés jusqu`à aujourd`hui.

A partir de ces éléments, l`équipe a pu donner une estimation des victimes. Selon elle, les squelettes appartiennent à 21 adultes dont huit femmes, huit hommes et cinq de sexe indéterminé. Les autres sont des enfants, tous âgés de moins de 6 ans.

Les preuves d`un massacre

Les cadavres de dix des victimes portent des marques de violences mortelles. "Quatre d`entre eux ont des blessures qui semblent avoir été provoquées par des projectiles, peut-être des flèches", a expliqué Marta Mirazon Lahr qui a dirigé l`opération. L`équipe s`est ainsi rapidement rendue compte qu`elle se tenait face à un ancien massacre.

"L`ampleur de la mort - ça ne peut pas être un meurtre individuel ou un homicide parmi des familles", a relevé Robert Foley. "C`est le résultat d`un conflit intergroupe". Et l`attaque a été "brutale, physique, létale avec l`intention de tuer", a précisé Marta Mirazon Lahr. L`un des squelettes d`homme avait toujours une lame d`obsidienne planté dans son crâne. Un autre a eu la tête écrasée par une masse.

Le reste des ossements ne fait qu`aller dans le même sens : des côtes brisées, des doigts écrasés, des genoux cassés. La dépouille d`une femme a également interpellé les anthropologues. "Il y a cette jeune femme qui a été découverte assise. Elle avait les mains croisées dans une position très particulière, ce qui laisse suggérer qu`elle était attachée au moment de mourir", a détaillé Marta Mirazon Lahr.

La femme est également apparue enceinte : dans sa cavité abdominale, l`équipe a trouvé les restes d`un fœtus âgé de 6 à 9 mois.

Une découverte historique

Pourquoi un tel massacre ? L`équipe a son hypothèse. "Mon interprétation, c`est qu`ils s`agissait d`une petite communauté de personnes, à la recherche de nourriture, et qui a été attaquée par surprise", a indiqué l`anthropologue. Il y a 10.000 ans, la plupart des groupements humains n`étaient pas encore sédentarisés.

Ces derniers auraient donc pu être une tribu de chasseurs-cueilleurs, victimes d`un guet-apens. Les ressources étant rares à cette époque, le vol pourrait être l`une des explications. De plus, la région était bien plus luxuriante dans le passé. À l`époque, se tenait à Nataruk une étendue d`eau ainsi qu`une nature bien plus abondante, ce qui apporte encore davantage de crédit à la théorie du vol.

D`après les chercheurs, ce massacre serait le plus vieux jamais mis au jour. "Ces restes humains apportent la preuve unique d`un événement guerrier parmi les chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire", a souligné l`équipe. Une nouvelle preuve que "la violence est une partie assez omniprésente du répertoire du comportement humain", a conclu Robert Foley.