Une petite équipe dirigée par le professeur Khalid Hussain a commencé à placer tous les jeunes de moins de 18 ans atteints d'une forme quelconque de diabète dans une base de données génétiques nationale. Une entreprise unique au niveau régional, voire mondial, selon ce scientifique.
"Ce que nous voulons faire, c'est recruter chaque enfant atteint de diabète au Qatar pour notre projet de recherche", explique le professeur Hussain à l'AFP.
"Et l'objectif est de déterminer le type de diabète dont souffrent ces enfants, car comprendre les différents types de diabète est déterminant pour la vie des patients".
"Nous aurons accompli quelque chose si nous pouvons commencer à travailler sur eux très tôt (...) et les empêcher de développer le diabète à l'âge adulte", ajoute-t-il.
Le diabète --où les taux de glycémie corporelle sont trop élevés-- et en particulier le diabète infantile sont répandus dans la région du Golfe et le Qatar ne fait pas exception.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes atteintes de diabète dans le monde est passé de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014.
- Un tiers d'obèses -
Le Golfe est l'une des régions les plus touchées par la maladie et le professeur Hussain espère déterminer non seulement les taux globaux de diabète au Qatar, mais aussi les types de diabète les plus répandus.
Son projet devrait aider à établir combien de personnes vivant au Qatar sont atteintes de diabète de type 1, là où le corps détruit les cellules du pancréas qui créent l'insuline, l'hormone contrôlant le taux de glycémie, et ceux qui ont le diabète de type 2, causé par le mode de vie sédentaire et l'héritage génétique.
Une mauvaise alimentation, les boissons sucrées, le manque d'exercice causent l'obésité. Les mariages consanguins et des facteurs génétiques sont d'autres raisons favorisant le diabète dans le Golfe, notamment au Qatar.
Les chercheurs de Weill Cornell Medicine prévoient que le taux de diabétiques de type 2 au Qatar passera d'environ 17% à environ 24% d'ici 2050.
Selon une étude de l'OMS réalisée en 2017, 72% des adultes qataris souffrent actuellement d'embonpoint et 34% d'obésité.
Le tableau d'ensemble reste sombre et l'étude en cours devrait déterminer dès cette année combien de personnes au Qatar sont atteintes de diabète, quel type est le plus répandu et quelles en sont les principales causes.
Quelque 1.200 enfants participent au projet et les premiers résultats devraient être publiés en juillet, selon le professeur Hussain.
- Plus d'injections -
La petite taille et l'immense richesse du Qatar rendent l'étude du professeur Hussain possible. Il dit que "la Norvège et la Suède" ont essayé quelque chose de similaire pour avoir une "vue d'ensemble".
Son bureau est situé dans le nouvel hôpital Sidra qui a coûté de 8 milliards de dollars et qui surplombe 14 sculptures géantes en bronze de l'artiste Damien Hirst représentant les étapes de la conception humaine, de la fécondation à la naissance.
Indépendamment du professeur Hussain, Zain al-Yahri organise des camps hebdomadaires pour aider les enfants à faire face à cette maladie.
"J'ai deux frères plus grands que moi qui sont diabétiques", dit Mohammed Ali Alazba, 8 ans, rencontré au camp.
A l'hôpital Sidra, le professeur Hussain dit s'apprêter à annoncer à un garçon de 15 ans qu'il n'a plus besoin d'injections d'insuline "qu'il déteste" et qu'il peut prendre des médicaments par voie orale pour contrôler son diabète.
"Si nous pouvons commencer à les traiter tôt et les empêcher de développer le diabète à l'âge adulte, nous aurons accompli quelque chose".
Par AFP
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