Ces trois concepts voisins « sont étroitement liés à des groupes organisés promouvant la haine et ils n’ont rien à faire sur nos services », a écrit Facebook mercredi dans un communiqué.
Le réseau social est très souvent accusé de ne pas expurger vite les publications problématiques ou choquantes. La tuerie récente dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande perpétrée par un suprémaciste blanc convaincu a de nouveau mis le sujet sur le devant de la scène.
Le tueur avait filmé le massacre et l’avait diffusé en direct sur Facebook Live, valant au réseau social une nouvelle salve de critiques virulentes dans le monde entier et de possibles poursuites.
Facebook faisait déjà la chasse à l’apologie des thèses dites « suprémacistes » mais « nous n’avions pas appliqué le même raisonnement au “nationalisme blanc” et au “séparatisme blanc”, parce que nous pensions à des concepts plus larges de nationalisme ou de séparatisme, comme la fierté (d’être) américain et le séparatisme basque », aussi appelé indépendantisme en français, « qui sont des parties très importantes de l’identité des gens », explique le réseau social dans un communiqué.
L’interdiction, également valable sur Instagram, propriété de Facebook, débutera la semaine prochaine.
« Mais ces trois derniers mois, des débats avec des membres de la société civile et des universitaires experts dans les relations interraciales dans le monde ont confirmé que le nationalisme blanc et le séparatisme blanc ne pouvaient pas réellement être séparés (de la notion de) suprémacisme blanc » et de groupes promouvant la haine, a continué Facebook.
Charlottesville
Ces trois concepts (suprémacisme, séparatisme et nationalisme) « se chevauchent », dit encore le groupe, qui a en conséquence décidé de traiter de la même façon les publications faisant l’apologie de ces trois thèses racistes.
« Désormais, les gens auront toujours le droit de montrer leur fierté de leur héritage ethnique, mais nous ne tolérerons plus l’apologie ou le soutien au nationalisme blanc et au séparatisme blanc », tient encore à préciser Facebook.
Avant la tuerie de Christchurch, c’est la mort d’une militante antiraciste, tuée par sympathisant néonazi lors d’un rassemblement à Charlottesville aux États-Unis en 2017 qui avait déjà mis en relief la prolifération des thèses des suprémacistes ou nationalistes blancs, notamment via les réseaux sociaux.
Le drame avait secoué les États-Unis et de nombreuses voix s’étaient élevées pour demander aux réseaux sociaux de mieux lutter contre les publications faisant l’apologie de ces thèses racistes.
Depuis, les plateformes internet annoncent régulièrement bannir des publications, des groupes ou des figures faisant l’apologie de ce type de thèses.
« Nous verrons si (Facebook) est capable de faire respecter (ses nouvelles interdictions). Il y a des milliers de publications de nationalistes blancs sur Facebook chaque jour. Ils n’ont pas été capables d’arrêter la vidéo de Christchurch, alors ce sera dur à faire appliquer », a commenté auprès de l’AFP Mark Potok, spécialiste de la droite radicale.
Facebook, comme les autres plateformes internet, est en permanence pris dans un dilemme dont il semble avoir du mal à se sortir: laisser les opinions s’exprimer sur leurs réseaux au nom de la libre expression tout en devant expurger les messages choquants et haineux.
Résultat, Facebook est régulièrement accusé de censure ou, à l’inverse, de ne pas agir assez efficacement contre les publications litigieuses.
Critiqué de toutes parts depuis plus de deux ans sur les contenus et sur sa gestion des données personnelles en particulier, Facebook (dont l’image en bien écornée) s’attache à communiquer très régulièrement sur les actions qu’il mène sur ces deux fronts.
Avec AFP