Alzheimer aurait un lien avec la santé bucco-dentaire

  03 Février 2019    Lu: 1749
Alzheimer aurait un lien avec la santé bucco-dentaire

Des chercheurs américains ont trouvé des traces de bactéries Porphyromonas gingivalis, responsables de la maladie parodontale, dans le cerveau de patients souffrant d'Alzheimer. Ces travaux relancent l'hypothèse d'une piste infectieuse dans cette maladie.

Brossez-vous les dents pour garder un beau sourire... et éviter Alzheimer ! C'est le conseil que devraient donner les dentistes à la lecture de cette étude parue dans la revue Science Advances, qui a trouvé un lien entre la parodontite, ou maladie parodontale, et Alzheimer.

Les maladies parodontales représentent un ensemble de pathologies infectieuses qui s'attaquent au parodonte, c'est-à-dire les gencives et les tissus de soutien de la dent. En général, la maladie commence par une gingivite : une inflammation de la gencive liée à l'accumulation de la plaque bactérienne sur les dents. La gingivite est une maladie courante qui peut se compliquer avec des lésions de la gencive ; l'os qui soutient les dents peut être touché : c'est la parodontite.

Les caries et les parodontites sont les maladies bucco-dentaires les plus fréquentes ; elles sont les principales causes d'extractions de dents et de pose de prothèses dentaires. Les maladies des gencives sont favorisées par une mauvaise hygiène bucco-dentaire, ainsi que le tabagisme, l'hérédité, l'alimentation, la grossesse...

Mais les parodontites pourraient aussi avoir des conséquences sur votre santé mentale : une nouvelle étude a trouvé des protéines provenant d'une des bactéries responsable de ces affections, Porphyromonas gingivalis, dans le cerveau de personnes touchées par Alzheimer. Des expériences sur la souris ont aussi montré que la bactérie pouvait se déplacer de la bouche vers le cerveau, ce qui augmentait la production d'amyloïde. Cette molécule est présente dans les plaques caractéristiques des cerveaux de patients Alzheimer.

Inhiber les facteurs de virulence bactériens pour prévenir Alzheimer

P. gingivalis produit donc des protéases toxiques, les gingipaïnes, qui ont été identifiées dans des cerveaux de patients. Ces molécules qui sont neurotoxiques in vivo et in vitro agissent sur la protéine Tau. Un traitement qui ciblerait la bactérie P. gingivalis pourrait donc aider à prévenir la maladie d'Alzheimer. C'est pourquoi les auteurs ont créé des inhibiteurs des gingipaïnes. En inhibant ces enzymes chez la souris, ils ont montré qu'il y avait moins de bactéries P. gingivalisdans le cerveau et que des neurones de l'hippocampe pouvaient être sauvés. Ces travaux ont été soutenus par Cortexyme, une entreprise californienne qui met au point un nouveau traitement contre la maladie d'Alzheimer, le COR388. Cette molécule qui cible les bactéries est l'un des inhibiteurs testés dans la publication et fait l'objet d'un essai clinique.

Dans The Conversation, Sim Singhrao, chercheuse à l'université du Lancashire central, commente ces résultats. Son équipe a été pionnière dans l'étude du lien entre Alzheimer et la bactérie P. gingivalis. Elle rappelle que la maladie des gencives ne peut être la seule incriminée et que d'autres infections ont un lien avec Alzheimer.

Par exemple, « Des recherches existantes montrent que d'autres types de bactéries et levirus de l'herpès de type I sont également présents dans les cerveaux de la maladie d'Alzheimer. Les personnes atteintes dusyndrome de Down courent également un risque plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer, tout comme les personnes qui ont subi une grave blessure à la tête. Les recherches montrent également que plusieurs affections associées aux maladies cardio-vasculaires peuvent augmenter le risque de maladie d'Alzheimer. »

Les pertes de mémoire, les plaques séniles, sont les symptômes d'une neurodégénérescence dont les causes sont probablement diverses.

Source: Futura Sciences / Marie-Céline Ray


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