Facebook a "sans cesse remis à plus tard et n'a pas retiré des informations" que les autorités vietnamiennes lui demandaient de retirer, par le biais de lettres officielles du gouvernement, a accusé mercredi la télévision d'Etat VTV, organe de propagande du régime. Facebook a opposé que "ces informations ne violent pas les principes du réseau", ajoute la télévision vietnamienne.
Facebook a répondu à l'AFP avoir "un protocole clair pour les gouvernements souhaitant signaler des contenus qu'ils jugent illégaux", assurant "examiner tous les recours". Cette montée au créneau contre Facebook intervient dans un pays où les médias sont tous contrôlés par le régime communiste et où Facebook est un des rares lieux d'expression de la dissidence. Le Vietnam, fort de 93 millions d'habitants, se situe parmi les 10 premiers pays au monde en pourcentage d'utilisateurs Facebook.
La nouvelle loi sur la cybersécurité, votée en juin par les députés, et entrée en vigueur au 1er janvier, s'est attirée les critiques des Etats-Unis, de l'Union européenne et des avocats de la liberté du web qui l'accusent de s'inspirer de la censure exercée par la Chine voisine sur l'internet. Le texte contraint les entreprises internet à retirer sous 24 heures tout commentaire menaçant la "sécurité nationale". Ces entreprises, dont les géants américains Facebook ou Google, devront fournir les données des utilisateurs si elles sont réclamées par le gouvernement et ouvrir des bureaux de représentation au Vietnam.
Le puissant ministère de la Sécurité publique, qui a assuré aux députés en octobre que la loi visait à déjouer des cyberattaques et éradiquer "les forces hostiles et réactionnaires" utilisant l'internet, a publié en novembre un projet de décret d'application donnant aux entreprises concernées douze mois pour se conformer aux nouvelles exigences. La liberté d'information au Vietnam se réduit ces dernières années. Depuis peu, l'Association des journalistes vietnamiens est dotée d'une charte pour l'utilisation des réseaux sociaux leur interdisant de poster des informations, images ou commentaires "allant contre" l'Etat.
Le Figaro