Selon cette enquête, réalisée par un consortium de journaux européens, dont Mediapart, l'UEFA, et ses deux patrons de l'époque Michel Platini et Gianni Infantino, aurait "en connaissance de cause aidé les clubs (PSG et City) à maquiller leurs propres irrégularités, pour des +raisons politiques+".
Pour rappel, le fair-play financier (FPF), règle édictée par l'UEFA, interdit à un club engagé en compétition européenne de dépenser plus que ce qu'il ne gagne en propre. Les sanctions peuvent aller du simple blâme jusqu'à l'exclusion des compétitions.
L'enquête de "Football Leaks" revient, entre autres, sur un contrat "douteux", de "1,075 milliard d'euros promis sur cinq ans au PSG par l'Office du tourisme du Qatar (QTA), soit 215 millions d'euros par an". Mais "deux cabinets d'audit missionnés par l'UEFA ont valorisé ce contrat à... 123.000 euros/an pour l'un, et 2,8 millions d'euros/an pour l'autre", soit "entre 77 et 1.750 fois moins que le montant affiché". Et la décotte fut finalement ramenée par l'UEFA à 100 M EUR.
- Court-circuiter l'enquête interne -
Mediapart calcule en outre que le Qatar, propriétaire du PSG, aurait injecté "1,8 milliard" dans le club depuis sept ans. Et Abou Dhabi (propriétaire de Manchester City) aurait "apporté la somme hallucinante de 2,7 milliards d'euros au club en sept ans, grâce à son actionnaire et à des contrats de sponsoring surévalués".
Infantino, à l'époque N.2 de l'UEFA présidée par Michel Platini, aurait "négocié directement un accord avec Manchester City, en court-circuitant (...) l'organe d'enquête interne théoriquement indépendant". Infantino aurait ainsi envoyé un mail aux dirigeants de City avec "un beau cadeau": "20 millions d'amende ferme au lieu de 60. Les 40 millions restants ne seront dus que si le club ne revient pas à l'équilibre financier à l'avenir".
Un mail dont serait en copie Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, "fervent supporter du PSG, habitué du Parc des Princes et grand ami du Qatar" mais qui aurait "aussi aidé, dans le plus grand secret, son rival, voisin et ennemi d'Abou Dhabi" dans ses démêlés avec le FPF.
"En sa qualité d'avocat, Nicolas Sarkozy n'a eu aucune activité de conseil auprès des personnes que vous mentionnez", fait savoir à Mediapart son attachée de presse.
Le PSG a au final, "eu le même traitement, très accommodant", insiste Mediapart. Aujourd'hui, le PSG est à nouveau ciblé par la FPF après les achats à l'été 2017 de Neymar et Mbappé pour plus de 400 M EUR.
- Proximité avec un procureur suisse -
"Il n'y a eu aucun accord secret avec l'UEFA, tout a été fait dans la transparence la plus complète", a commenté pour l'AFP Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du PSG
Michel Platini, président déchu de l'UEFA, répond, dans une déclaration transmise à l'AFP, qu'il a "toujours affirmé que le fair-play financier n'avait pas vocation à tuer ou à asphyxier financièrement les clubs", mais qu'il a toujours "publiquement" souhaité "que des sanctions puissent être prononcées".
L'UEFA indique pour sa part que le rôle du fair-play financier est "d'aider les clubs à devenir viables financièrement et à vivre grâce à leurs ressources propres, et de ne les sanctionner qu'en dernier ressort". Infantino ajoute que l'organe d'enquête interne chargé du FPF est indépendant, mais qu'il peut être "assisté par l'administration de l'UEFA, ce qui inclut bien sûr le secrétaire général (son rôle à l'époque)".
Infantino, devenu président de la Fifa, est aussi taxé dans les Football Leaks de proximité avec le procureur suisse Rinaldo Arnold, régulièrement invité à des matches ou des manifestations de la Fifa. L'EIC avance en outre que le procureur Arnold décrocherait "son téléphone pour récolter des informations pour le compte de Gianni Infantino auprès du parquet fédéral suisse".
Interrogée par l'AFP, la Fifa répond que "selon les directives et règlements internes de la Fifa, le président et le secrétaire général sont autorisés à inviter un certain nombre d'invités à des tournois et des manifestations de la Fifa. Arnold, qui est une connaissance personnelle du président, a été invité à ce titre".
En 2016, les Football Leaks avaient mis au jour les mécanismes d'évasion fiscale mis en place dans l'univers du football, notamment pour le Portugais Cristiano Ronaldo, accusations soldées par un accord à l'amiable de "CR7" avec la justice, contre un versement de 16,7 millions d'euros.
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