Quand les réseaux sociaux se mettent à la télévision

  18 Octobre 2018    Lu: 865
Quand les réseaux sociaux se mettent à la télévision

Devra-t-on bientôt aller sur Facebook ou Twitter pour regarder ses programmes préférés? Après Netflix et Amazon, ce sont les réseaux sociaux qui s'attaquent au monde de la télévision avec un avantage de taille : une parfaite connaissance de leurs utilisateurs.

La semaine dernière, le réseau social des ados Snapchat annonçait le lancement de séries originales, pour se donner un second souffle. Cette semaine, Facebook et Twitter participaient au marché international de programmes Mipcom, grand rendez-vous des producteurs et chaînes de télévision. Facebook y a annoncé un partenariat avec MTV pour relancer l'émission "The Real World", pionnière de la téléréalité diffusée par la chaîne américaine pendant plus de 20 ans. 

"Nous devons nous réinventer, oublier tout ce que nous connaissons pour créer un MTV complètement nouveau et parler aux nouvelles générations", s'est justifié le patron de MTV, Chris McCarthy. "Avant on regardait un show et on en parlait après avec ses amis. Là, (grâce aux réseaux sociaux, NDLR) on peut en discuter pendant qu'on le regarde, pas besoin d'attendre. Pour nous, c'est ce qui est puissant", explique-t-il, estimant même que la plateforme vidéo de Facebook, Watch, avait "changé le monde de la télévision". 

Son avantage? Des "expériences partagées", qui permettent de "commenter en direct les programmes et interagir avec les créateurs" choisir les invités d'un talk-show, donner leur avis sur un concept, a expliqué le responsable des produits vidéos Paresh Rajwat. Le géant américain, qui revendique plus de 2,2 milliards d'utilisateurs dans le monde, a aussi noué des partenariats avec le producteur Fremantle, la chaîne d'info CNN, des fédérations sportives et propose talk-shows, divertissements séries et jeux.

Nouveau modèle de TV
"Jusqu'à maintenant, nous avons choisi de produire les contenus qui offraient le meilleur exemple de ce qu'on pouvait faire avec nos outils", explique Matthew Henick, responsable de la stratégie et du contenu chez Facebook. "Nous avons lancé un jeu interactif, Confetti", qui fonctionnera le mois prochain aux États-Unis, car "on a constaté que vous avez beaucoup plus de chances de revenir regarder l'épisode suivant d'un jeu quand vous jouez avec vos amis", a-t-il détaillé. "Les gens adorent répondre aux questions pour de l'argent mais il y a quelque chose qu'ils aiment encore plus : leurs chiens", poursuit Matthew Henick à propos de l'émission "the World's most amazing dog", une compétition à laquelle chacun pourra participer en envoyant une vidéo de son compagnon canin, la plus mignonne possible, bien sûr. 

Quant à Twitter, il revendique pas moins de 150 partenariats pour des vidéos dans le sport, l'information et le divertissement, et il dispose d'équipes dédiées pour travailler avec les chaînes sur des clips diffusés sur leurs comptes. "Nous devons raconter différentes histoires à différents endroits.

La demande du public pour la vidéo ne fait qu'augmenter, elle est uniquement concurrencée par le sommeil et encore, on dort de moins en moins", s'amuse Sean Cohan du réseau américain A+E (éditeur de la chaîne History) qui produit depuis peu d'amusantes vidéos pédagogiques pour Twitter

La chaîne américaine Comedy Central vient également de lancer une série de pastilles quotidiennes sur le réseau à l'oiseau bleu, où des comédiens commentent les "hashtags" les plus twittés. "L'époque où on achetait du contenu pour le mettre juste sur une seule plateforme ou en linéaire (à la télévision, ndlr) est révolue. Aujourd'hui les contenus se déclinent sur plusieurs plateformes, sur plusieurs appareils", indique à l'AFP Kay Madati, responsable des partenariats et contenus internationaux chez Twitter.

Et les réseaux sociaux disposent d'un avantage certain avec les données de leurs utilisateurs. "Les données permettent de comprendre ce que cherchent les utilisateurs et de prendre des décisions plus intelligentes", assure Brian Vellmure, expert médias chez Salesforce. Au risque de laisser sur le côté les chaînes traditionnelles. Même si Kai Madati se veut optimiste : "Je pense que les deux mondes trouveront ensemble un nouveau modèle de télévision qui permettra à chacun d'être gagnant".


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