CBS a gommé les gros mots, pas la standing ovation qui a suivi. L’acteur américain Robert De Niro a emporté l’adhésion de son auditoire dimanche soir lors de la cérémonie des Tony Awards en prononçant à deux reprises un sonore « Fuck Trump », soulevant applaudissements, cris de joie des personnes réunies au Radio City music-hall de New York (Etats-Unis), avant qu’elles ne se lèvent pour applaudir un De Niro ravi, faisant la moue et brandissant les poings avec énergie.
L’acteur de « Raging Bull » était venu présenter à la cérémonie de récompenses de la création théâtrale américaine le show de Bruce Springsteen, tiré du tour de chant qui fait salle comble depuis octobre à Broadway, et qui a reçu une distinction dimanche soir. CBS diffusait la cérémonie en quasi-direct, avec un léger différé de cinq secondes. La production a bipé les « J’emmerde Trump » deniresques.
La chaîne a ensuite confirmé dans un communiqué avoir annulé ces propos : « les commentaires de M. De Niro étaient imprévisibles et inattendus. Le langage injurieux a été supprimé du programme ». Comme toutes chaînes présentant des émissions en direct, CBS est soumise au contrôle de la Federal communications commission, le gendarme des médias, qui met à l’amende les insultes prononcées entre 6 heures du matin et 22 heures.
Dans la salle, certains semblaient catastrophés. D’autres sont restés assis par neutralité. La grande majorité s’est levée en applaudissant bruyamment.
Robert De Niro n’a jamais caché, ni tu, son hostilité à Donald Trump. En 2016, au lendemain de la victoire de ce dernier face à Hillary Clinton, il avait même clamé son envie de « le frapper au visage ».
Comme les Oscar ou les Emmy Awards avant elle, la 72e cérémonie des Tony Awards a été l’occasion pour les présentateurs et lauréats de distiller des messages de tolérance vis-à-vis des minorités ainsi que quelques piques à l’adresse du président des Etats-Unis. La comédie musicale « The Band’s Visit », inspirée du film « La visite de la fanfare » a survolé la compétition en remportant dix Tonys, dont le principal, celui de la meilleure comédie musicale. Elle raconte l’histoire d’une fanfare de la police égyptienne coincée au fin fond du désert israélien, pour une rencontre inattendue entre nationalités, religions et cultures.
L’acteur américain Tony Shalhoub, déjà récompensé d’un Golden Globe et de trois Emmy Awards pour son rôle dans la série télévisée « Monk » (2002-2009), a reçu le Tony du meilleur premier rôle masculin pour son interprétation du personnage de Toufik. Il a rendu hommage à son père, immigré libanais arrivé à New York en 1920, et dédié sa récompense à tous les immigrés qui sont venus, comme son père, s’installer aux Etats-Unis, à « leurs aspirations, leurs ressources, leur créativité et leur altruisme ». « Espérons que nous, leurs descendants, ne perdions jamais de vue ce qu’ils nous ont appris », a-t-il conclu.
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