Oiseaux de nuit, attention à votre santé mentale: déranger le rythme naturel de son horloge interne accroît la probabilité de troubles de l'humeur, des plus bénins aux plus graves, ont affirmé des chercheurs mercredi.
«S'il y a de la lumière le matin, c'est là qu'il faut se réveiller», a affirmé la neuropsychologue Laura Lyall (université de Glasgow), dans un entretien diffusé par la revue The Lancet Psychiatry. Ensuite, si l'on veut être en bonne santé, «généralement on sera très actif pendant ses dix heures les plus actives. Et les cinq heures les moins actives, on a un sommeil stable, non perturbé».Ce qui est plus facile au beau milieu de la nuit.
L'association entre penchant pour les activités nocturnes et troubles mentaux n'est pas vraiment une surprise. Mais elle est ici établie à l'aide d'une étude ambitieuse. Ses auteurs la présentent comme la plus vaste de ce type, portant sur plus de 91'000 personnes en Grande-Bretagne, entre 2006 et 2010.
Des troubles allant de la mélancolie aux psychoses
Ils ont mesuré «l'amplitude» dans le niveau d'activité au long de la journée. Plus elle est grande, avec des nuits reposantes et des journées intenses, mieux c'est. Si elle est faible, si par exemple on a des nuits agitées et des journées paresseuses, le risque de troubles de l'humeur s'accroît, comme l'ont prouvé des questionnaires sur la santé mentale des participants.
Les troubles, de la simple mélancolie aux psychoses, dépressions chroniques ou troubles bipolaires, sont plus fréquents chez ceux dont le niveau d'activité est déconnecté du «rythme circadien» normal. Les auteurs ont éliminé l'effet d'autres facteurs: l'âge, le choix d'un mode de vie sain ou nom, l'obésité, les traumatismes vécus pendant l'enfance.
Notre horloge interne régit toute notre activité biologique pendant les 24 heures de la journée, par l'activité hormonale, la pression artérielle, la température du corps, l'appétit et l'envie de dormir. Le prix Nobel de médecine 2017 a récompensé trois Américains qui ont démonté ses mécanismes moléculaires.
Une étude centrée sur les adultes
Mais l'une des limitations de l'étude est de porter sur des adultes de 37 à 73 ans. Or l'horloge biologique fonctionne très différemment selon l'âge. Cet échantillon «n'est pas idéal pour examiner les causes de la santé mentale, sachant que 75% des troubles se déclenchent avant l'âge de 24 ans», a commenté un spécialiste en santé publique mentale, Aiden Doherty.
Ce professeur de l'université d'Oxford, cité par The Lancet Psychiatry, a appelé à une étude «d'une échelle similaire chez les adolescents et jeunes adultes».
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