Un objet révolutionnaire pour les malvoyants arrive

  11 Mai 2018    Lu: 2305
Un objet révolutionnaire pour les malvoyants arrive

Des lunettes bardées d'i-tech permettent aux malvoyants de voir. L'invention de l'année 2017 selon «Time» débarque en Suisse.

«Tout le monde mérite de voir.» Le slogan des lunettes électroniques eSight est ambitieux. Commercialisées en Amérique du Nord après plus de dix ans de recherches, celles qui ont été nommées invention de l’année 2017 par le magazine «Time» débarquent désormais sur le marché européen et helvétique.

Sur YouTube, les vidéos de personnes malvoyantes retrouvant miraculeusement la vue grâce à elles, souvent dans les larmes et l’émotion, se succèdent. «Les lunettes sont équipées d’une caméra haute définition qui retransmet en temps réel les images à deux écrans placés devant les yeux», explique Édouard Legrand, responsable marketing de l’entreprise en Suisse.

S’il assure que la technologie est efficace pour la majorité des malvoyants, il souligne d’emblée qu’elle n’est d’aucun secours pour les personnes aveugles. «La télécommande intégrée permet de jouer avec l’image pour s’adapter aux différentes pathologies. Vous pouvez, par exemple, zoomer pour mieux voir un panneau de signalisation ou changer les contrastes pour lire plus facilement. Certains ont du mal avec le noir sur blanc et préfèrent l’inverse», détaille-t-il. Le dispositif, pesant 100 grammes, peut également être directement connecté à un appareil, notamment pour regarder la télévision.

10'000 francs la paire

Porte-parole romande de l’Union centrale pour le bien des aveugles, Carol Lagrange salue la démarche. «C’est un bon moyen d’améliorer le quotidien des personnes malvoyantes, mais il faut être conscient que, vu le prix, ce n’est pas accessible à tous», pointe-t-elle. Effectivement, eSight vend ses lunettes 10'000 francs pièce. En Suisse, la marque ne travaille pour l’instant qu’avec trois opticiens, dont un seul en Romandie: le centre Solutions visuelles, à Genève. «C’est un appareil que j’attendais depuis très longtemps parce qu’il est polyvalent et qu’il propose une véritable autonomie», s’enthousiasme Philippe Pédat, son fondateur.

Depuis deux semaines que le produit est disponible dans son magasin, l’optométriste constate un réel intérêt. «Plusieurs clients sont venus l’essayer et l’un d’eux m’a déjà passé commande», précise-t-il tout en reconnaissant que les lunettes ne se sont pas montrées efficaces pour deux personnes dont la vue était trop fortement détériorée.

Vu le budget représenté par un tel achat, le spécialiste propose d’ailleurs un essai gratuit d’une heure. «S’ils sont contents, je les incite à bien réfléchir avant de se décider. Ce sont parfois des gens fragilisés et prêts à aller au bout du monde pour retrouver la vue.» Et, s’il n’a pas assisté aux crises de larmes des vidéos YouTube, Philippe Pédat souligne que ses clients se prennent très vite au jeu. «Ils sont épatés de pouvoir voir autant de loin que de près avec. Mais l’appareil nécessite tout de même un apprentissage pour savoir s’en servir correctement.»

Responsable du service social, réadaptation et basse vision à l’Hôpital ophtalmique de Lausanne, Jean Roche prévoit de tester les lunettes eSight mi-mai. «En attendant, je ne peux pas émettre d’avis à leur sujet. Mais on se réjouit de les découvrir parce que c’est une technologie qu’on imaginait difficilement possible il y a dix ans.» (Le Matin)


Tags: malvoyants  


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