Les jeunes Français désabusés face à des élections qui "ne servent à rien"

  14 Décembre 2015    Lu: 736
Les jeunes Français désabusés face à des élections qui "ne servent à rien"
Ils ne croient pas que voter "change la vie", évoquent la "confiance brisée" envers les partis classiques et jugent le Front national (FN) incompétent
Ils ne croient pas que voter "change la vie", évoquent la "confiance brisée" envers les partis classiques et jugent le Front national (FN) incompétent, comme les autres: pour ces jeunes Français, l`abstention aux régionales est la seule manière de réclamer un nouveau système.
"Je ne crois pas aux élections. Ceux qui pensent qu`un élu ne sera pas aveuglé par le pouvoir ou l`argent sont naïfs. Ca m`attriste de voir toute la mise en scène des politiques avec leurs promesses alors que rien ne change jamais, parce que ce n`est pas dans leur intérêt", lâche Pauline, étudiante en psychologie à Toulouse (sud-ouest).

Cette jeune femme de 22 ans qui refuse de donner son nom se classe à l`extrême gauche du paysage politique. Elle s`est réjouie de voir l`abstention à 50% dimanche, au premier tour des élections régionales: "J`espère qu`on va enfin s`apercevoir que le système ne marche plus et les gens ne veulent plus de la démocratie représentative". Elle réclame "un recours au vote pour chaque décision de la vie politique, type référendum".

A son image, la majorité des jeunes Français (65% des 18-24 ans, selon un sondage) s`est détournée du "devoir citoyen de voter" - une injonction répétée par les ténors de droite et gauche pour faire barrage à l`extrême droite, triomphante au premier tour (près de 28% pour le FN).
Pour le politologue Thomas Guénolé, cette abstention illustre un "rejet de la France de leurs aînés, en qui ils n`ont pas confiance pour résoudre et comprendre leurs problèmes, car c`est une France qui ne les aime pas. Les jeunes générations ont un accès très difficile à la propriété immobilière, au marché de l`emploi...".

Selon lui, "une France est en train de mourir: celle du modèle économique, social et politique des années 1970 à 1990".

Elodie, 25 ans, et Sylvain, 34 ans, jeune couple de Colmar (est) préférant également rester anonyme, jugent ainsi qu`"on est arrivé à une époque où on a atteint la limite du système". Elodie, enseignante, résume: "C`est malheureux à dire, parce qu`il y a des Français qui se sont battus pour qu`on ait le droit de vote mais là, on n`a plus confiance en personne, tous nous paraissent malhonnêtes et à la solde des lobbies financiers".

`Reprendre le pouvoir`

"Avant, je disais aux autres d`aller voter, là c`est bon, j`arrête. Si je dois agir, ce sera d`une autre manière: on peut se rassembler par les réseaux sociaux", avance Sylvain, employé d`une entreprise frigorifique, qui réclame "plus d`humanité" et dit n`avoir pas changé de vision du jeu politique après les attentats du 13 novembre à Paris (130 morts).

Se disant profondément déçu par le président François Hollande, qu`il avait soutenu en 2012, Sylvain estime que "le peuple devrait reprendre le pouvoir, agir par lui-même. Le monde politique est complètement à côté de la plaque, il ne pense jamais aux Français qui vont mal".

"Je ne vois pas en quoi les élections ont amélioré nos vies ou ont fondamentalement modifié notre quotidien", note Thibault, étudiant en école de commerce de Rosny-sous-Bois (banlieue parisienne). "C`est bien beau de nous dire d`aller voter mais il faut nous donner envie! Les politiques, c`est leur carrière d`abord, au détriment des Français".

Et la tentation du FN, qui a capté le vote d`un tiers des 18-24 ans ayant voté dimanche? "Le FN propose des choses intéressantes, comme la sortie de l`Union européenne, mais ce n`est pas réalisable. Et à part Marine Le Pen (présidente du FN) et Florian Philippot (son bras droit), j`ai l`impression qu`il y a très peu de gens compétents", juge Thibault.

A Dijon (centre-est), Lucien Lhotelier, 20 ans, préfère sanctionner les politiques - "aussi pourris les uns que les autres" - en s`abstenant, plutôt que "le vote sanction du FN" auquel cet étudiant en école de commerce ne croit pas.

Tous ironisent sur l`image du "grand méchant loup" brandie par les partis classiques pour dénoncer l`extrême droite. "Nous demander de voter pour que le FN ne passe pas, sans que les élites se posent la moindre question, montre bien qu`il y a un grave malaise", argumentent Elodie et Sylvain.

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