Il avait terrorisé l’Amérique à la fin des années 1960. Charles Manson, dangereux gourou, est mort ce dimanche 19 novembre, à l’âge de 83 ans, en prison. En pleine période hippie, le délinquant notoire, déjà habitué des séjours en prison, avait créé autour de lui et d’une prophétie inspirée des chansons des Beatles, une « famille » d’adorateurs.
La communauté, composée surtout de jeunes femmes, échappées de leur vie plutôt bourgeoise, s’était installée à Spahn Ranch, près de Los Angeles. C’est là que le gourou, qui se prenait pour la réincarnation du Christ, avait imaginé une série de meurtres pour provoquer une lutte entre Blancs et Noirs.
Lors du procès, Charles Manson et quatre membres de sa secte sont condamnés à la peine de mort. En 1972, les peines sont commuées à de la prison à vie. Que sont-ils devenus ?
Susan Atkins
Elle a à peine 18 ans quand elle rencontre Charles Manson, qui la rebaptise Sadie Mae Glutz. À l’époque, elle est partie de chez ses parents, a abandonné le lycée. Lors du procès, pour expliquer sa fuite, elle raconte que ses parents sont alcooliques, et qu’elle a été violée par un proche. En 1968, Susan Atkins donne naissance à un garçon, qui n’est pas celui de Charles Manson mais que le gourou baptise Zezozose Zadfrack Glutz. L’enfant lui est retiré.
Susan Atkins, arrêtée en 1969 est accusée et reconnue coupable du meurtre de Gary Hinman, un ami de Charles Manson. En prison, elle avoue être aussi responsable de l’assassinat de Sharon Tate, l’épouse du réalisateur Roman Polanski et de celui du couple LaBianca, commis avec d’autres membres de la secte, le 10 août 1969. Au total, l’implication de Susan Atkins a été reconnue dans huit des meurtres perpétrés par la « Manson family ».
En prison, elle devient « a born-again Christian » (un chrétien né de nouveau, en français), publie une autobiographie intitulée Child of Satan, Child of God, se marie à deux reprises et fait dix demandes de libération, toutes vaines. Hospitalisée en 2008 pour un cancer du cerveau, elle est aussi amputée d’une jambe. Elle décède des suites de ce cancer, le 24 septembre 2009, dans une prison pour femmes à Chowchilla, en Californie.
Leslie Van Houten
« Je pensais qu’il était Jésus Christ », a raconté Leslie Van Houten. La jeune femme originaire d’Altadena, en Californie, commence à prendre des drogues hallucinogènes après le divorce de ses parents. En 1968, elle entend parler de Charles Manson, rejoint le groupe en septembre, la même année. Elle a participé au massacre du couple LaBianca, poignardant à seize reprises Rosemary LaBianca. Lors du procès, elle a été une des seules à montrer des signes de regret. Elle a expliqué qu’elle avait essayé de dissimuler ses empreintes, qu’elle avait ensuite brûlé ses vêtements.
À 68 ans, elle est toujours en prison à Corona, en Californie, où elle est une détenue modèle. Elle a de nouveau exprimé des regrets et précisé qu’à l’époque, elle était malade mentalement et prenait beaucoup de LSD. Mais ses vingt demandes de liberté conditionnelle ont été refusées.
Patricia Krenwinkel
Elle a tout quitté pour vivre une relation « romantique » avec Charles Manson, trois jours après l’avoir rencontré lors d’une soirée. Patricia Krenwinkel avait 19 ans et était secrétaire à Los Angeles.
« Je me souviens l’avoir poignardée, poignardée et poignardée encore », raconte-t-elle lors du procès, en expliquant comment elle avait tué, le 9 août 1969, Abigail Ann Folger, dans la villa où Sharon Tate se trouvait également. Patricia Krenwinkel a aussi été impliquée dans le meurtre des LaBianca, la nuit suivante.
Aujourd’hui, elle a 69 ans, elle est toujours derrière les barreaux de la prison de Corona, en Californie, selon le New York Times. Cela fait 47 ans, c’est plus que n’importe quelle autre prisonnière du pays. Ses treize demandes de libération ont été refusées.
Charles Watson
Avant sa rencontre avec Charles Manson, Charles Watson était un élève modèle, reconnu aussi comme un excellent athlète, à Dallas, où il a suivi sa scolarité. Rien à voir avec celui qui a prononcé la phrase suivante à une des victimes du massacre du 9 août 1969 : « Je suis le diable et je suis ici pour faire son travail. »
Véritable assistant du gourou, après les meurtres, il a d’abord réussi à fuir vers son Texas natal. Il n’a pas été jugé avec le reste de la « Manson family », mais quand il a finalement été extradé, il a fait valoir la folie provoquée par l’abus de drogues hallucinogènes. En vain, car il a été reconnu coupable de meurtre et condamné à mort.
Comme les autres, sa peine a été commuée en de la prison à perpétuité. Aujourd’hui, Charles Watson a 71 ans, il a eu quatre enfants conçus lors de visites conjugales en prison. Sa 17e demande de libération conditionnelle a été refusée en 2016. Il reste donc dans la prison d’État de Mule Creek, en Californie.
Linda Kasabian
émoin clé lors du procès de la « Manson family », Linda Kasabian a bénéficié de l’immunité en échange de son récit. La jeune femme avait 20 ans au moment des meurtres. Se sentant rejetée par son mari, elle rejoint le ranch de Charles Manson le 4 juillet 1969. Elle trouve le gourou « magnifique dans ses vêtements en peau de daim ». Malgré sa fascination pour lui, elle ne participe pas aux massacres.
À deux reprises, elle accompagne le groupe, mais reste à l’écart. Deux jours plus tard, elle s’enfuit et retourne chez sa mère, dans le New Hampshire. Pendant le procès, elle a assuré qu’elle n’avait pas « la capacité à faire quelque chose de si bestial ». Aujourd’hui, elle a 68 ans.
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