Zimbabwe: tirs près de la résidence de Mugabe, l’armée dément tout coup d’Etat

  15 Novembre 2017    Lu: 1273
Zimbabwe: tirs près de la résidence de Mugabe, l’armée dément tout coup d’Etat
Le président Robert Mugabe est au pouvoir depuis 37 ans. Il a limogé son vice-président.
La situation est confuse ce mercredi au Zimbabwe. Des blindés de l’armée contrôlent les accès au Parlement dans la capitale, Harare, mais aussi au siège du parti au pouvoir et aux bureaux où le président Robert Mugabe réunit son gouvernement. Des soldats empêchent des véhicules de passer devant le Parlement.

Des échanges de tirs nourris ont été entendus dans la nuit de mardi à ce mercredi près de la résidence privée de Robert Mugabe à Harare, a rapporté sous couvert de l’anonymat un témoin résident dans le quartier de Borrowdale. «Nous avons entendu environ 30 à 40 coups de feu tirés pendant trois à quatre minutes en provenance de sa maison», a-t-il raconté.

L’épouse de Robert Mugabe prête à lui succéder

Des officiers ont annoncé dans la nuit être intervenus pour éliminer des «criminels» dans l’entourage du chef de l’Etat. Dans un message lu à la télévision nationale, le général Sibusiso Moyo a expliqué que cette opération n’est pas «un coup d’Etat contre le gouvernement» et a assuré que le chef de l’Etat et sa famille sont «sains et saufs» et «en sécurité». «Dès que notre mission sera accomplie, nous nous attendons à ce que la situation retourne à la normale», a-t-il ajouté.

Mugabe, 93 ans, règne sur le Zimbabwe depuis son indépendance en 1980. Il est engagé dans un bras de fer sans précédent avec l’armée après le limogeage du vice-président Emmerson Mnangagwa. Ce dernier a été démis de ses fonctions et a fui le pays après un bras de fer avec la Première dame, Grace Mugabe, 52 ans. Il a accusé la deuxième épouse du président d'avoir tenté de l'empoisonner pour l'éliminer, suscitant une vive réaction de l'intéressée qui a obtenu son éviction. Figure controversée connue pour ses accès de colère, l’épouse du président compte de nombreux opposants au sein du parti et du gouvernement. Avec le limogeage de Mnangagwa, Grace Mugabe se retrouve en position idéale pour succéder à son époux.

Cependant l’armée pourrait «intervenir» si cette «purge» ne cesse pas au sein du parti présidentiel, a mis en garde devant la presse le chef d’état-major, le général Constantino Chiwenga. Le parti du président Mugabe, la Zanu-PF, a accusé en retour le chef de l’armée de « conduite relevant de la trahison» et dénoncé sa volonté de «perturber la paix nationale» et d’«encourager au soulèvement».

Un pays apauvri et en crise

Le général Chiwenga et Emmerson Mnangagwa, qui entretient des liens étroits avec l’appareil sécuritaire du pays, ont tous deux été des figures majeures de la lutte pour l’indépendance du Zimbabwe, au côté de Robert Mugabe. «Il est très rare de voir des chars dans les rues», a commenté l’analyste Derek Matyszak, de l’Institut pour les études de sécurité (ISS) de Pretoria (Afrique du Sud). «Chiwenga a défié Mugabe […] Il est clair que nous observons quelque chose de nouveau». «Le silence du gouvernement après les déploiements militaires tend à confirmer que le président Mugabe a perdu le contrôle de la situation», a estimé Robert Besseling, analyste à la firme britannique EXX Africa risk consultancy.

Mardi, un convoi de blindés a été observé en mouvement près de la capitale, nourrissant les rumeurs d’un coup d’Etat militaire en préparation. Dans un communiqué, l’ambassade des Etats-Unis a recommandé à ses ressortissants de rester chez eux «à l’abri» en raison des «incertitudes politiques».

A la tête depuis 37 ans d’un régime autoritaire et répressif, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son grand âge et sa santé fragile. Sous son régime, le Zimbabwe s’est considérablement appauvri et traverse une grave crise économique. Avant même les événements de la nuit, le principal parti d’opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s’est positionné contre toute prise du pouvoir par des militaires.

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