Le sucre, fantasmes et réalités

  20 Octobre 2017    Lu: 1936
Le sucre, fantasmes et réalités
On trouve dans Le Point de cette semaine un dossier dédié au sucre intitulé « La vérité sur le sucre » dans lequel se sont glissées plusieurs idées reçues, confusions et fantasmes. Nous refaisons Le Point pour vous.
« L’OMS recommande de limiter sa consommation de sucres à 50 g/ j pour un adulte. Pourtant, les apports journaliers recommandés (AJR) en sucre [sont] de 90 grammes, conformément à la réglementation européenne. »



Ici, on ne parle pas des mêmes sucres : l’OMS propose une limite portant sur les sucres libres (= sucres ajoutés + sucres naturellement présents dans les jus de fruits) alors que la réglementation européenne a défini des AJR pour les sucres totaux (saccharose, glucose, fructose, lactose… qu’ils soient ajoutés ou naturellement présents dans les fruits, le lait, etc.).

Il est donc tout à fait normal que la valeur des AJR soit supérieure à celle de l’OMS qui ne cible qu’un certain type de sucres.

La consommation de sucre a explosé en un siècle et demi. [Les Français] en consomment depuis une trentaine d’années 35 kilos par an !


Les 35 kg par an sont des ventes et incluent les utilisations non alimentaires des sucres (par exemple le sucre pour l’alcool de pharmacie) et les pertes de produits sucrés non consommés. La consommation réelle des Français est bien inférieure, de l’ordre de 52 g/jour en moyenne pour les sucres libres (= sucres ajoutés et naturellement présents dans les jus de fruits) soit moins de 20 kg/an. Dit autrement, cela fait 9,5% des calories quotidiennes, ce qui est dans la limite des recommandations de l’OMS.

« Près de la moitié de la consommation de sucre ajouté se trouve dans des aliments où l’on ne s’attendrait pas à en trouver : hamburgers, céréales, sauce de salade, pain… (Dr Robert Lustig) »


Le Docteur Robert Lustig, endocrinologue à l’Université de Californie, se présente lui-même comme un croisé anti-sucre. Il attaque tout particulièrement le sucre et les sirops de fructose ajoutés aux boissons avec des problématiques Nord-Américaines qui ne sont pas toujours comparables à celles de la France.

En France, plus de 90 % du sucre est utilisé pour produire des aliments sucrés, et 10% pour les produits salés. Il y a du sucre (ou d’autres sucres) ajouté dans certains produits salés mais attention, pas dans les proportions annoncées ! Par exemple, le pain ou la baguette apportent des glucides (environ 50%) mais ne contiennent pas de sucres ajoutés dans la recette.

« Le sucre a tous les critères d’une substance toxique et addictive (Dr Robert Lustig) »


Le raccourci sucre=dopamine=plaisir=drogue est simpliste, c’est en fait plus complexe que cela.

[Pierre Menès] « n’imaginait pas que son foie risquait d’être détruit par une boisson autre que l’alcool. »



Si la stéatohépatite non alcoolique (NASH) est surnommée maladie du soda, elle a des origines plus complexes que ce que son surnom sous-entend. Pierre Menès précise d’ailleurs dans ses interviews qu’il ne buvait ni alcool ni soda. Ce serait surtout une alimentation déséquilibrée et un excès de calories qui augmente le risque de maladie hépatique non alcoolique.

Les études montrent qu’au-delà de 100g par jour environ (1,5 g/kg poids corporel), le fructose entraîne chez l’homme une accumulation de graisses dans le foie et augmenterait ainsi à long terme le risque d’apparition de la NASH. En France, la consommation moyenne de fructose est estimée à 42 g de fructose par jour.

Concernant le pourcentage de la population touchée par la « maladie du soda », il ne faut pas confondre NASH (la maladie avec des complications) et NAFLD (la stéatose simple, réversible, qui ne provoque pas de dommages à ce stade).

« L’équation trop de sucre égale diabète n’est pas aussi simple. » (Dr Jean-Michel Lecerf)



Vrai, et nous n’aurions pas dit mieux. Comme l’explique le Dr Lecerf, médecin nutritionniste, « le diabète de type 2 est favorisé par une prise de poids abdominale, la sédentarité et une alimentation trop calorique et riche en glucides », sans oublier les facteurs génétiques. D’une manière générale, il faut être prudent avant de conclure à une relation de cause à effet entre un nutriment ou aliment et une maladie car l’équation n’est jamais si simple !

Pour finir sur une note plus douce, retenons ce que nous dit Michel Guérard dans la double page du Point dédiée aux grand chefs et pâtissiers : « Je dis vive le sucre, mais à condition de l’utiliser intelligemment ! ».

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