Turquie: visite du leader kurde irakien, en pleine crise entre Ankara et Bagdad

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé à son interlocuteur la détermination de son pays à combattre le terrorisme, entendant par là le groupe jihadiste Etat islamique et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ces derniers disposant de bases dans le nord de l`Irak, selon des sources proches de la présidence.
Aucune déclaration officielle n`a été faite à l`issue de cette rencontre d`une heure et demie. M. Barzani a également été reçu par le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.
Furieux, le gouvernement central irakien a sommé dimanche Ankara de retirer ses troupes sous 48 heures, prévenant qu`il devrait sinon faire face à "toutes les options disponibles", y compris un recours au Conseil de sécurité de l`ONU.
La Russie, brouillée avec la Turquie qui a abattu l`un de ses bombardiers à la frontière syrienne le mois dernier, a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité ce déploiement, sans rencontrer d`écho.
Ankara argue que l`armée turque entraîne depuis mars des combattants irakiens dans le camp de Bachiqa et que les troupes qui s`y trouvent n`ont pas pour mission de combattre.
"Ce n`est pas un acte d`agression mais un acte de solidarité", a déclaré mercredi M. Davutoglu devant la presse étrangères à Istanbul.
"Notre intention est d`entraîner les habitants de Mossoul à combattre Daech (acronyme arabe de l`EI). Notre intention est de protéger ceux qui les entraînent", a-t-il ajouté.
Selon Ankara, ce récent déploiement, simple "rotation d`effectifs", s`est fait à la demande du gouverneur de Mossoul et en coordination avec le ministère de la Défense irakien. Refusant de retirer ses soldats, la Turquie a toutefois "suspendu" l`envoi de nouvelles troupes et appelé à trouver une solution négociée.
"Quand nous avons vu la réaction (du gouvernement irakien), nous avons stoppé le transfert" de troupes, a indiqué M. Davutoglu.
"Notre présence à Mossoul va continuer comme partie du programme d`entraînement", a déclaré mercredi le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin. Il faut "soutenir les Irakiens dans leur lutte contre Daech. Cela n`a rien à voir avec la violation de la souveraineté d`un pays", a-t-il soutenu.
Signe des tensions entre les deux pays, Ankara a appelé mercredi ses ressortissants se trouvant en Irak à quitter le territoire, sauf certaines provinces de la région kurde. "Le spectre de notre avertissement aux voyageurs s`est étendu à toutes les provinces (irakiennes), excepté (celles de) Dahuk, Erbil et Souleimaniyé" situées dans la région kurde du nord du pays, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Les autorités d`Ankara justifient leur appel par l`augmentation récente de menaces contre des entreprises turques et par des déclarations encourageant "à la violence, à la terreur et aux enlèvements".