Trump, l’art de la provocation pour tenir à distance ses rivaux

  09 Décembre 2015    Lu: 861
Trump, l’art de la provocation pour tenir à distance ses rivaux
Donald Trump a toujours fonctionné à l’instinct. Pour ses affaires immobilières par le passé comme aujourd’hui pour sa campagne à l’investiture républicaine en vue de la présidentielle de 2016.
Moquant en permanence ses adversaires dont les discours sont selon lui formatés par des équipes de consultants, le magnat de l’immobilier a d’ailleurs rompu avec son conseiller politique, Roger Stone, en août, après un accrochage avec une journaliste vedette de la chaîne conservatrice Fox News, Megyn Kelly.

Nombreux étaient ceux qui pensaient alors que s’attaquer à une journaliste réputée allait précipiter la chute du milliardaire dans les intentions de vote. Il n’en a rien été, malgré un bref « trou d’air ».

Un mois plus tôt, des propos désobligeants tenus à l’encontre du sénateur John McCain, héros de la guerre du Vietnam et critiqué par M. Trump pour avoir été fait prisonnier, avaient déjà montré que les polémiques servaient le candidat républicain.



Discours musclé visant l’immigration illégale

Sa poussée dans les sondages nationaux compilés par le site RealClearPolitics a reposé dans un premier temps, en juillet et en août, sur un discours musclé visant l’immigration illégale.

Expulsion de 11 millions de clandestins, construction d’un « mur » sur la frontière avec le Mexique qu’il se fait fort de faire financer par les autorités mexicaines : les propositions de M. Trump sont critiquées, débattues, lui assurant une couverture médiatique sans comparaison avec celle de ses rivaux républicains. Les premiers débats organisés le 6 août et le 16 septembre enregistrent des records d’audience, dont le magnat de l’immobilier s’attribue à juste titre la paternité.
C’est à partir de la deuxième moitié du mois de septembre que M. Trump commence à imposer un nouveau thème, la relation des Etats-Unis avec l’islam.

Il est tout d’abord critiqué pour n’avoir pas corrigé un de ses supporteurs, qui affirme le 17 septembre que le président Barack Obama, de confession protestante, est musulman.
Le 30 septembre, il assure contre toute évidence que l’administration américaine veut accueillir plus de 200 000 réfugiés syriens (10 000 en vérité), qu’il promet de chasser compte tenu du risque d’infiltration parmi eux de djihadistes liés à l’organisation Etat islamique (EI).

Coïncidant avec la présentation d’un programme fiscal qui ne suscite pas le même engouement que le thème de l’immigration, cette évocation de l’islam n’empêche pas dans un premier temps un effritement des intentions de vote au profit de M. Trump et une stagnation à un niveau cependant élevé pendant le mois d’octobre. Elle trouve en revanche un nouvel écho après les attentats de Paris, le 13 novembre. Le magnat de l’immobilier évoque alors des mesures telles que la fermeture de mosquées ou le fichage des musulmans.

Vivement critiquées par les démocrates mais aussi par certains rivaux républicains, ces mesures alimentent une nouvelle poussée dans les sondages. L’absence d’expérience du milliardaire dans un contexte de dramatisation de la lutte contre l’EI est manifestement compensée par la popularité de formules à l’emporte-pièce. L’attentat de San Bernardino, le 2 décembre, est accompagné par une nouvelle progression, selon RealClearPolitics, qui permet à M. Trump de renouer avec les sommets enregistrés début septembre.

En proposant le blocage total de l’entrée de musulmans aux Etats-Unis jusqu’à nouvel ordre (une proposition extrême impossible à mettre en place), M. Trump s’installe une nouvelle fois au cœur des débats, jouant de la dégradation de l’image de la religion musulmane dans la société américaine. Evoquant des déclarations « moralement répréhensibles », la Maison Blanche a estimé mardi que le candidat républicain s’était cette fois « disqualifié » pour la présidence des Etats-Unis.

L’homme d’affaires peut toutefois se féliciter d’un autre chiffre que celui de ses intentions de vote, qui mesurent cependant plus une popularité que de véritables stocks de bulletins de vote. Selon le Washington Post, il n’a déboursé jusqu’à présent que 217 000 dollars en dépenses de publicité, au lieu de 28,9 millions pour Jeb Bush, qui stagne avec seulement 5 % des intentions de vote. Cinq fois moins que le milliardaire.


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