L`Otan va s`élargir dans les Balkans malgré l`opposition de Moscou

  02 Décembre 2015    Lu: 896
L`Otan va s`élargir dans les Balkans malgré l`opposition de Moscou
Les ministres des Affaires étrangères de l`Otan ont invité mercredi le petit État du Monténégro à rejoindre l`Alliance de l`Atlantique nord, qui continue son expansion dans les Balkans au grand dam de Moscou.

Cette "décision historique d`entamer des pourparlers d`adhésion avec le Monténégro" a été prise à l`unanimité par les 28 chefs de la diplomatie de l`Otan lors d`une réunion à Bruxelles.

Le Monténégro devrait devenir, d`ici dix-huit mois à deux ans, le 29e membre de l`Alliance, qui entretient depuis le début de la crise ukrainienne en 2013 des relations glaciales avec la Russie de Vladimir Poutine.

"La porte de l`Otan est ouverte, ceci en est la preuve", a déclaré son secrétaire général, le Norvégien Jens Stoltenberg, lors d`une conférence de presse. "Il ne s`agit pas de la Russie... Cette décision n`est dirigée contre personne", a assuré M. Stoltenberg.

Mais la Russie a dénoncé à maintes reprises la perspective d`un élargissement de l`Otan dans les Balkans, voyant là un empiètement sur sa sphère d`influence et même une "provocation", comme l`avait regretté son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en 2014.

Mise en garde de Moscou

"Ce genre d`initiative est porteuse d`un fort potentiel de confrontation. Elle ne permet pas la poursuite de la paix et de la stabilité dans les Balkans et en Europe en général. Elle est de nature à compliquer davantage les relations déjà compliquées entre la Russie et l`Otan", a jugé la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, la semaine dernière.

Elle avait mis en garde le Monténégro, qui est déjà en pourparlers d`adhésion avec l`Union européenne depuis 2012, sur "les possibles conséquences qu`impliquerait une entrée de Podgorica dans l`Alliance".

Igor Luksic, le ministre des Affaires étrangères de cette petite République de 630.000 habitants qui s`est séparée de la Serbie et a proclamé son indépendance en 2006, s`est félicité de la décision.

"C`est un grand jour pour mon pays, qui le mérite bien", a salué M. Luksic devant ses homologues de l`Otan à Bruxelles.

Une opinion divisée

Le dernier élargissement de l`Otan remonte à 2009, lorsque la Croatie et l`Albanie, deux autres pays des Balkans bordant comme le Monténégro la mer Adriatique, ont rejoint ses rangs.

L`adhésion du Monténégro ne deviendra effective qu`après la conclusion des pourparlers, attendue début 2016, et la ratification de son adhésion par les parlements nationaux des 28 pays membres de l`Otan.

"Nous sommes tout à fait conscients que ceci n`est pas la fin du processus", a reconnu M. Luksic, promettant d`oeuvrer à obtenir "le soutien d`une majorité écrasante de l`opinion publique" monténégrine à l`adhésion à l`Otan.

Le pays est très divisé sur cette perspective et le souvenir de la campagne de bombardements de l`Alliance contre la Serbie en 1999 reste douloureux. Si l`on en croit un sondage réalisé début octobre auprès d`un millier de Monténégrins, 50,2% de la population est en faveur d`une adhésion, et 49,8% contre.

Plusieurs manifestations violentes contre l`adhésion au bloc euro-atlantique ont déjà eu lieu. Les autorités de Podgorica y ont vu la main de Moscou.

Beaucoup de travail

"Le Monténégro a réalisé des réformes substantielles", a souligné Jens Stoltenberg. Mais "il reste beaucoup de travail à faire", a insisté le chef de l`Otan, "pour adapter le secteur de la défense et sur les réformes", en particulier en matière de lutte anti-corruption et de renforcement de l’État de droit.

"Il faut continuer à faire des progrès pour s`assurer du soutien de l`opinion publique", a plaidé M. Stoltenberg.

Dans un contexte plus général, les chefs de la diplomatie de l`Alliance ont adopté mardi soir une stratégie pour répondre aux menaces posées par les tactiques de la "guerre hybride".

L`annexion de la Crimée en mars 2013 par la Russie, qui a eu recours à des forces spéciales, les "petits hommes en vert", sans tirer un seul coup de feu, est souvent cité comme l`exemple type de la "guerre hybride".

"Il s`agit d`une combinaison de menaces civiles et militaires, d`opérations secrètes et publiques, c`est la propagande, les mensonges", a décrit M. Stoltenberg. "C`est pourquoi nous rendons nos forces plus réactives", a-t-il expliqué. L`Otan va aussi développer ses capacités dans le renseignement, ses forces spéciales et se renforce contre les cyberattaques.

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