Comment le virus de l'hépatite C contribue à son développement

  21 Avril 2017    Lu: 1309
Comment le virus de l'hépatite C contribue à son développement
Outre la cirrhose, une infection chronique par le virus de l'hépatite C (VHC) constitue le principal facteur de risque d'un cancer du foie, le carcinome hépatocellulaire. Des chercheurs viennent de découvrir les mécanismes de ce lien de cause à effet, ce qui pourrait ouvrir la voie à de potentielles nouvelles stratégies préventives.
L'hépatite C est une maladie infectieuse du foie provoquée par le virus de l'hépatite C (VHC). Cette infection provoque des lésions inflammatoires du foie et des altérations des cellules appelées hépatocytes. L'Assurance maladie rappelle que L'hépatite C peut conduire, lorsqu'elle devient chronique (plus six mois), à la fibrose puis à la cirrhose.

Des chercheurs de l'Inserm* viennent de découvrir pourquoi ce virus serait également responsable du développement du plus fréquent des cancers primitifs du foie: le carcinome hépatocellulaire. Ce dernier se développant à partir de ces mêmes cellules du foie, les hépatocytes, il tient son nom de celles-ci. Selon l'Institut national du cancer, il représente 90% des cancers primitifs du foie, c'est-à-dire une tumeur maligne qui s’est développée à partir des cellules du foie.

Plusieurs hypothèses expliquant comment le VHC contribue au développement de ce cancer ont été proposées par des chercheurs, mais ce mécanisme n'avait jamais été entièrement compris. Ces nouvelles conclusions sur le sujet, basées sur les biopsies du foie de 341 patients opérés pour un carcinome hépatocellulaire, se montrent plus précises. Elles montrent que le virus agit en "réduisant au silence" une enzyme connue pour son action antitumorale, et comment il s'y prend.

Une cascade d'acteurs impliqués

L'objectif de cette expérience était d'analyser l'expression de gènes codant pour des enzymes bien précises: les phosphatases, impliquées dans la communication entre cellules et connues pour leur implication dans différents cancers. Ils ont ainsi découvert que l'expression de l'un de ces gènes était deux à trois fois plus faible dans les hépatocytes infectés par le VHC et dans les lésions tumorales.

Ils ont aussi découvert comment le VHC agissait dans ce but: dans le foie, il double la production d'une molécule (miR-135a-5p) capable de bloquer l'expression du gène en question. L'équipe est allée plus loin dans la compréhension de ce mécanisme, en mettant à jour toute une réaction en chaîne. En effet, les scientifiques ont observé que ce "bâillonnement" du gène stimulait l'activité d’une protéine codée par un gène au pouvoir cancérigène bien connu: l'oncogène STAT3.

Vers un traitement préventif?

Conséquence: "Les patients subissant ces effets en cascade présentent une espérance de vie moindre, avec un risque plus élevé de rechute après résection de la tumeur", expliquent les chercheurs. Une découverte qui ouvre une nouvelle piste pour prévenir le développement de ce type de cancer chez les patients infectés. L'idée serait de développer une molécule qui serait capable, soit d'inhiber la production de la molécule miR-135a-5p, soit d'empêcher directement la suractivation de ce gène au pouvoir cancérigène.

Pour l'heure, les chercheurs disent avoir lancé des études sur des souris, normales ou sans le gène mis en cause. "L’objectif est de confirmer le rôle de ce dernier dans le développement du carcinome hépatocellulaire", expliquent-ils. Parallèlement, ils souhaitent continuer à trouver d'autres mécanismes complémentaires utilisés par le virus de l'hépatite C pour induire ce cancer. Les identifier précisément permettrait ainsi de savoir qui sont les patients les plus à risques.

Actuellement, il existe des traitements antiviraux de l'hépatite C qui permettent d'arrêter l'évolution de la maladie, d'où l'importance du dépistage précoce et d'un suivi médical régulier.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale

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