Quelle coalition internationale est possible contre l`Etat islamique ?

  30 Novembre 2015    Lu: 812
Quelle coalition internationale est possible contre l`Etat islamique ?
Il y a quinze jours, le président Hollande a appelé, devant les chambres réunies en congrès, à la formation d’une « grande et unique coalition » internationale. La réalisation en est-elle aisée ?
Il n’y avait eu qu’une guerre de coalition depuis la seconde guerre mondiale, à savoir la guerre de Corée au début des années cinquante. Mais les guerres de coalition se sont multipliées depuis les bouleversements internationaux. Avec l’accord de l’ONU : guerre du Golfe (1991), guerre d’Afghanistan (2001), guerre de Libye (2011) --la France ayant violé la résolution des Nations unies--, la guerre contre l’État islamique (2014). Sans l’accord de l’ONU : la guerre du Kosovo (1999), la guerre d’Irak (2003).

La guerre contre l’État islamique a fait dire au président français qu’il s’agissait d’une « guerre contre le terrorisme », notion discutable. Cette idée de coalition reprend celle du président Poutine, exprimée à l’ONU en septembre dernier, mais dans le nouveau contexte des attentats en France du 13 novembre dernier.

Quelles chances cette coalition a-t-elle de voir le jour, avec quels espoirs et quelles contraintes ? Et si la réduction de l’État islamique est militairement possible, la solution ne peut être in fine que politique.

_...En France, le Général Jean-Bernard Pinatel constate que, quinze mois après le début des frappes américaines, rejointes par celles de l’aviation française, les bombardements aériens sont progressivement devenus de plus en plus inefficaces Les troupes de l’Etat Islamique se cachent désormais systématiquement au milieu de la population civile. Elles enterrent aussi profondément leurs dépôts d’armes et de carburant, elles ne se déplacent plus jamais en convoi sur leurs célèbres 4x4 Toyota flambant neufs, drapeau noir au vent, mais le font maintenant dans des camions civils bâchés et isolés. Et elles stationnent leurs combattants en petits groupes qui se cachent dans les habitations privées.

Au Canada, Thomas Juneau, professeur à l`Université d`Ottawa, insiste sur le fait que les frappes russes ne pourront pas permettre au régime d’Al-Assad de reconquérir le pays : « on est ici dans un contexte de guerre civile. L`équilibre des forces sur le terrain ne peut pas fondamentalement changer simplement à cause de l`intervention russe ». En sous-main, les Russes cherchent surtout à se positionner en vue de l`après-guerre : « quand on en arrivera aux négociations, et ce n`est vraiment pas tout de suite, de par sa présence militaire accrue sur le terrain en Syrie, la Russie aura plus d`influence, elle sera un joueur incontournable. »

Au Liban, on a bien compris que tous ces évènements meurtriers permettent finalement aux pouvoirs occidentaux de trouver un moyen pour revenir dans le jeu régional et se positionner, comme à chaque fois dans l’Histoire, en vue de récolter les fruits de la nécessaire future reconstruction. Depuis le début des frappes aériennes russes, qui se succèdent à un rythme effréné et auxquelles s’est ajoutée la démonstration de force navale de Moscou, à coups de missiles de croisière tirés depuis la Méditerranée, la coalition internationale conduite par les Etats-Unis a perdu la main dans le conflit syrien. "Espérons que Moscou fasse pression sur Assad pour mettre fin aux bombardements de civils à coups de barils d`explosifs et pour ouvrir la voie à une aide humanitaire qui offre aux populations civiles une alternative (à celle) des groupes jihadistes", esquisse M. Barnes-Dacey, un analyste de l`European Council on Foreign Relations.

En Suisse, un think thank géopolitique tente une approche sur trois scénarios d’avenir pour la refondation d’une nouvelle grande région du Levant syro-libano-irakien, afin qu`elle redevienne un jour un lieu de vie paisible et calme, une fois que ce terrible conflit sera apaisé. Mais, au fait, quels peuvent être les scénarios d’avenir à moyen terme pour la Syrie ? Son emplacement stratégique dans la région, ainsi que l’implication des grandes puissances et des acteurs régionaux ne peuvent laisser la Syrie devenir une Somalie bis. Première hypothèse : un scénario à la libyenne. Seconde hypothèse : le statut quo. Troisième hypothèse : le départ négocié de Bachar El Assad.

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