L'exposition sera ouverte au public à partir de mardi et jusqu'au 4 septembre au musée national d'art moderne et contemporain Reina Sofia, qui abrite le chef-d'oeuvre depuis 25 ans.
"Il n'y a aucune autre oeuvre au 20e siècle qui ait suscité autant de commentaires et d'interprétations que le Guernica", a dit lundi devant la presse Manuel Borja-Villel, le directeur du musée visité l'an dernier par 3,6 millions de personnes. Il s'agit d'éclairer le processus qui l'a conduit à "être capable de créer une telle oeuvre devenue une icône", a-t-il dit.
L'exposition réunit tout spécialement près de 180 oeuvres de Picasso, issues de la collection du Reina Sofia et de plus de 30 institutions du monde entier.
Au milieu des années 20, ses créations se firent plus tourmentées, peut-être en réponse aux ravages de la Première guerre mondiale. "La terreur, la violence, l'horreur, la panique, la peur et la mort deviennent son sujet", a souligné l'historien de l'art britannique Timothy James Clark, un des commissaires de l'exposition.
"Nous voulions réfléchir aux attitudes, préoccupations, peut-être même fantasmes, obsessions et noeuds dans le psychisme entrés dans la fabrication de Guernica," a dit M. Clark.
Sont ainsi exceptionnellement visibles à Madrid "Les trois danseuses" de 1925, prêté par la Tate Modern de Londres, mais aussi des oeuvres postérieures au Guernica, telle "Grand nu assis" (Femme se coiffant) de 1940, venue du MoMA de New York.
Plaidoyer universel contre les ravages de la guerre, Guernica est l'une des oeuvres les plus importantes de Picasso, né en 1881 en Espagne et décédé en France en 1973. Femmes avec enfants morts, figure aux larmes de sang: l'exposition inclut certains des dessins préparatoires du Guernica que Picasso débuta le 1er mai 1937 à Paris.
Quelques jours plus tôt, le 26 avril 1937, la ville de Guernica, au Pays basque espagnol, avait été détruite par les bombes des avions de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, qui soutenaient les forces nationalistes de Francisco Franco.
L'huile sur toile de sept mètres de long, aux tons noirs, blancs et gris, a été présentée pour la première fois à l'Exposition universelle de Paris de 1937, au sein du pavillon de la République espagnole menacée.
Ce n'est qu'en 1981 que l'Espagne en "transition démocratique" l'a récupérée, après la longue dictature de Franco (1939-1975).
Tags: