Les musulmans de France à l’unisson contre le terrorisme

«C’est une rencontre historique», dit, d’entrée de jeu, Anouar Kbibech, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Une fois encore depuis quinze jours, mais tous ensemble cette fois-ci, ils ont fermement condamné le terrorisme et les attentats du 13 Novembre. «Le terrorisme n’a pas de religion», ont répété plusieurs des intervenants qui se sont succédé sur la scène. «Nous avons contribué à fabriquer des monstres», a tempéré Assani Fassassi, le représentant de l’islam africain.
En écho, le président de la Fédération protestante de France (FPF), le pasteur François Clavairoly, représentant les autres confessions religieuses à la rencontre, a lui aussi estimé que la religion pouvait avoir un lien avec le terrorisme. «Il nous faut tous nous interroger sur cela», a-t-il lancé, applaudi par une partie de l’assistance. «Qu’allons nous faire demain ? C’est beau ce que nous entendons aujourd’hui. Mais nous devons surtout nous unir», a plaidé Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon.
Les idées se sont égrenées pour tenter d’endiguer la montée de la radicalisation et de lutter contre la diffusion des discours radicaux : des prêches en français, une meilleure formation des imams grâce à une mutualisation des moyens, des journées portes ouvertes dans les mosquées, un «plan Marshall» pour l’éducation des jeunes, ou encore une fondation qui permettrait de soutenir économiquement les quartiers défavorisés.
Pour souder leur action, les dix fédérations et les cinq grandes mosquées, représentatives de tous les courants de l’islam hormis le salafisme, ont souscrit solennellement, dans un rare moment d’unité, à un manifeste citoyen des musulmans de France. En dix points, celui-ci réaffirme l’attachement des musulmans français au pacte républicain, redit que l’Etat islamique (EI) est en «totale contradiction» avec l’islam, et appelle chacun à ne pas stigmatiser la religion musulmane.
«C’est une déclaration d’amour à la République et à la France», a commenté dans son discours de clôture Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur également chargé des Cultes, à propos du manifeste citoyen. Il a par ailleurs annoncé que l’instance de dialogue avec l’islam de France se réunirait dès les premiers jours de janvier. Initialement prévue en juin 2016, cette réunion concentrera ses travaux sur la question de la radicalisation.
Pour clôturer la journée, les 400 responsables musulmans ont entonné une Marseillaise très patriotique devant le ministre de l’Intérieur.