La peur gagne Dakar, après l’attentat de Bamako

  28 Novembre 2015    Lu: 711
La peur gagne Dakar, après l’attentat de Bamako
Les attentats du 13 novembre dernier à Paris, ceux survenus récemment au Mali et en Tunisie ont placé Dakar et le Sénégal en alerte maximale. Surtout après qu’un groupe d’individus qui seraient en relation avec des organisations terroristes aient été arrêtés.

Les autorités sénégalaises ont pris conscience de l’ampleur de la menace terroriste et décidé de parer à toute éventualité. Le président de la République Macky Sall a décidé d’y aller sans vergogne. Un budget de 43 milliards de francs CFA (78,18 millions USD) a été décidé pour blinder Dakar.

La banque Ecobank a déjà décaissé 23 milliards FCFA (46 millions USD) pour le plan d’équipement des forces de sécurité du pays. Cette mesure radicale entre dans la même ligne de conduite adoptée par le Gouvernement sénégalais depuis l’arrestation de l’imam Alioune Badara Ndao et de six autres de ses présumés complices. Ces derniers sont poursuivis pour « apologie du terrorisme », « connexion au terrorisme ».

Selon des sources proches de l’enquête et contactées par Anadolu, ces personnes seraient en possession de moyens logistiques permettant leur connexion avec des réseaux terroristes localisés au Nigeria. Déférés au Parquet et placés en détention préventive, ils ont été transférés à la prison de Thiès (70 km à l`est de Dakar). Pour les autorités, il s’agit de faire un exemple et tuer dans l’œuf toute velléité d’acte attentatoire à la sécurité nationale.

Mis en alerte par cette arrestation, Dakar et ses autorités ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Dans la foulée, le président Macky Sall interdisait le port du voile intégral. Selon le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, cette mesure, était une recommandation persistante des forces de sécurité. Seulement, quelques jours après, le président de la République a pris le contre-pied de cette mesure en annonçant que jamais une telle interdiction n’avait été formulée au Sénégal.

Le 1er décembre prochain, le grand Magal, évènement religieux majuscule du pays se tient dans la ville religieuse de Touba (194 km à l`Est de la capitale Dakar). Cette célébration commémore le départ à l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du Mouridisme vers le Gabon. Des centaines de milliers de fidèles convergent vers la ville. Ce grand rassemblement humain génère les plus grandes craintes avec la recrudescence des menaces terroristes qui visent les foules. Toutefois, lors de sa visite, jeudi, dans la ville de Touba, le président Macky Sall a tenu à rassurer sur la bonne tenue du Magal en termes de moyens logistiques et de sécurité.

Pour cette édition, le dispositif sécuritaire mis sur pied est sans précédent. Alors que pour les précédentes éditions, 800 éléments des forces de l’ordre suffisaient pour assurer la sécurité et la bonne organisation du Magal, cette année, ce nombre est presque passé du simple au double. Au total, près de 1500 éléments des forces de l’ordre sont mobilisés pour assurer la bonne tenue du Magal de Touba.

Dakar dans la ligne de mire?

Aujourd’hui, la question de l’heure est : Dakar est-il dans la ligne de mire des terroristes, après Bamako? Chez les populations, rien cependant ne renseigne sur le vent de panique qui souffle sur le monde. Les Sénégalais vaquent à leurs occupations.

Les consulats et autres ambassades établis à Dakar ont, depuis quelques temps déjà décidé de renforcer leur dispositif sécuritaire. Les contrôles de routine sont devenus plus rigoureux et les préposés à la sécurité plus circonspects dans leurs tâches.

Alors que son pendant malien a été la cible d’une attaque terroriste, le Radisson Blu de Dakar avait, quelques temps auparavant, été mis en situation d’alerte. Des individus avaient annoncé qu’une bombe était posée dans l’établissement. Les responsables de l’hôtel, avec l’aide de la police, avaient procédé à l’évacuation de l’hôtel. Mais ce n’était qu’une fausse alerte. Suffisante, toutefois, pour mettre les responsables du Radisson Blu de Dakar en état d’alerte et de procéder à un renforcement du dispositif sécuritaire.

Quelques semaines après, un autre plaisantin avait annoncé qu’une voiture était piégée à la bombe et exigeait une rançon dérisoire de 100.000 FCFA (environ 200 dollars). Après investigation, la Police avait relevé le canular.

Dans l’entrelacs des vraies et fausses menaces, Dakar et le Sénégal ne savent plus à quel saint se vouer.

Gardant confiance, les Sénégalais rappellent cet Islam pacifique qui a toujours caractérisé le pays avec des leaders religieux comme Serigne Touba, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ibrahima Niasse, Seydina Limamoulaye qui ont contribué à installer cette culture de la paix.

L’attentat de la capitale malienne survenu le 20 novembre, faisant une vingtaine de morts selon un bilan officiel suscite donc un niveau d’alerte maximum dans certains pays africains, déjà confronté aux attaques de Boko Haram, d’Al-Qaida et autres groupes extrémistes. Reste à savoir si le renforcement des mesures sécuritaires serait en mesure de contrer ces groupes.

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