C'est un chercheur de diamant occasionnel, le pasteur Emmanuel Momoh, qui a découvert le minéral dans la province de Kono, dans l'est du pays. La pierre précieuse a été présentée mercredi au chef de l'Etat, Ernest Bai Koroma, par un chef tribal de la région, a précisé la présidence dans un communiqué.
«Le président Koroma a remercié le chef et les siens de ne pas avoir vendu le diamant en contrebande hors du pays», selon le texte. Il a assuré que «le processus de commercialisation serait transparent, en faveur de la meilleure offre».
«Le diamant a été placé dans la salle des coffres de la Banque centrale de Sierra Leone en attendant l'estimation de sa valeur monétaire», a précisé jeudi à l'AFP Abdulai Bayraytay, porte-parole du président Koroma.
Une malédiction
Selon Paul Zimnisky, un expert du secteur basé aux Etats-Unis, une fois évalué, ce diamant pourrait se situer «entre le 10ème et le 15ème jamais trouvé». La découverte est d'autant plus exceptionnelle qu'elle a été réalisée par un chercheur artisanal et non par une société minière.
«La prospection artisanale génère plutôt des diamants plus petits et de moins bonne qualité, parce qu'ils ont subi des fractures et l'érosion», a-t-il expliqué à l'AFP. Malgré les assurances des autorités, des habitants de la capitale, Freetown, interrogés par l'AFP, semblaient douter que la population bénéficie véritablement de cette découverte.
«Les diamants et autres minerais sont davantage une malédiction qu'une bénédiction pour la Sierra Leone», a estimé l'un d'entre eux, Mohamed Kamara, soulignant le fort taux de pauvreté et de sous-développement dans les régions où se trouvent les gisements.
Processus de Kimberley
La controverse autour des «diamants du sang», ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits en Afrique, comme en Angola ou en Sierra Leone, a abouti au régime international de certification dit «de Kimberley». Le texte est soutenu par l'ONU et 75 Etats y ont adhéré dont la Sierra Leone.
Le Processus de Kimberley, entré en vigueur en 2003, édicte des conditions à remplir par un pays pour que ses diamants puissent être exportés légalement. Il doit aussi permettre d'éviter les transactions qui enrichiraient des groupes rebelles et financeraient leurs activités militaires.
L'ancien président libérien Charles Taylor a été reconnu coupable en 2012 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), d'avoir aidé et encouragé une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de ce pays voisin du sien en fournissant armes, munitions et soutien logistiques aux rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Le tout en échange de diamants.
Ces «diamants de guerre» ou «de sang» représentent 4% de la production mondiale selon Amnesty International. La guerre civile au Sierra Leone (1991-2002) a été l'une des plus meurtrières de l'histoire africaine récente, avec 120'000 morts et l'utilisation d'enfants-soldats. Des compagnies minières rivalisaient alors pour le contrôle des diamants.
Le plus gros à Londres
En 2015, le plus gros diamant découvert depuis un siècle, d'un poids de 1111 carats, avait été extrait dans la mine de Karowe, au Botswana, exploitée par la société canadienne Lucara.
Le plus gros diamant au monde est le Cullinan de 3106 carats, qui avait été trouvé en Afrique du Sud en 1905. Il a été fractionné en plusieurs énormes pierres, dont les principales ornent le sceptre royal britannique et la couronne impériale, qui font partie des joyaux de la Couronne britannique précieusement gardés à la Tour de Londres.
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