Syrie, plus que jamais l’impasse?

  28 Novembre 2015    Lu: 587
Syrie, plus que jamais l’impasse?
Le président français s’est attaché cette semaine à tenter de mettre sur pied une coalition internationale contre Daech.
François Hollande a rencontré le Britannique David Cameron, l’Américain Barack Obama à Washington, l’Allemande Angela Merkel, et le Russe Vladimir Poutine à Moscou. L’énergie du président français témoigne de la volonté de briser l’aura d’invincibilité de l’organisation Etat islamique et de l’importance de ne pas laisser les terroristes disposer de paradis dans lesquels ils peuvent librement s`entraîner et préparer de nouvelles attaques.

Au lendemain des attentats du 13 novembre, François Hollande déclarait que la France était en « guerre » et que le groupe Etat islamique serait détruit. Aujourd’hui, la réalité est qu’il n’y aura pas de coalition. On parle désormais de coordination ou de coopération. Au lendemain de la rencontre Hollande-Poutine à Moscou, le ministre français des Affaires étrangères déclarait que la France envisageait désormais que des forces du régime syrien puissent être associées à la lutte contre Daech. Sur le terrain, la distinction entre populations et combattants du groupe Etat islamique est impossible à faire.

Après l’émotion des attentats de Paris, la France est confrontée au réalisme d’un conflit qui ressemble de plus en plus à une impasse. Parler de guerre comme François Hollande l’a fait, soulève des attentes de victoire. Si la lutte contre le terrorisme est pratiquement sans fin, l’emploi du terme de « guerre » aura surtout permis au gouvernement français de faire passer sur le plan intérieur des mesures d’état d’urgence.

Une meilleure coordination permettra-t-elle que soit évitée une nouvelle crise comme celle du Sukhoï 24, cet appareil militaire russe abattu près de la frontière turque ? Si l’accident a pu faire craindre une menace sur la paix entre la Turquie et la Russie, les deux pays très liés économiquement n’ont pas intérêt à rompre leurs relations. La Turquie se procure 60% de son gaz en Russie et étant donné la situation économique du pays, Moscou peut difficilement renoncer à ce débouché.

Condamnés à s’entendre

Il y a un an, Vladimir Poutine était à Ankara pour bâtir un partenariat stratégique avec la Turquie. Les deux pays sont condamnés à s’entendre. L’incident frontalier permet à la Russie de consolider sa position militaire en Syrie. Petit à petit, la Russie se rend maître de l’espace aérien syrien. Russie et Turquie sont deux pays incontournables pour trouver une solution politique au conflit mais ils poursuivent des objectifs opposés. Moscou veut sauver le régime de Damas. Ankara veut se débarrasser de Bachar el-Assad. La priorité des Turcs en Syrie – lutter contre les Kurdes - n’est ni celle des Occidentaux qui s’appuient au contraire sur cet allié local, ni celle de la Russie. Et l’agenda des Russes – frapper les groupes d’opposants modérés davantage que Daech - n’est partagé ni par les Occidentaux ni par la Turquie.


Chaque jour, la difficulté d’agir en Syrie devient plus apparente, tant les divergences qui opposent les puissances engagées dans la guerre sont patentes.

L’avenir de la Syrie en jeu

C’est l’avenir même de la Syrie qui est en jeu et la question qui se pose est de savoir si, malgré des objectifs politiques différents, il peut y avoir des convergences d’intérêts. La Syrie pourra-t-elle être conservée dans ses frontières alors que le scénario de partition semble déjà bien avancé ?

Quel sera l’impact de la résolution 2 249 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 20 novembre dernier, qui stipule que le groupe Etat islamique constitue une « menace sans précédent pour la paix et la sécurité internationales » et appelle les Etats membres à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour prévenir et supprimer ses actes terroristes ? La sincérité des différents acteurs du théâtre syrien est ce qui semble manquer le plus.

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