Parmi les marchandises à faible teneur en THC, ce sont surtout celles qui présentent un fort taux de CBD qui gagnent du terrain, relève l'OFSP. CBD? Un acronyme pour cannabidiol, une substance qui n'entraîne pas d'effet psychoactif contrairement au THC.
Relaxant mais pas «enivrant»
C'est une molécule présente dans le cannabis, mais qui n'est pas «enivrante», pour reprendre les termes du document de l'OFSP, écrit en collaboration avec l'Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) et l'Institut suisse des produits thérapeutiques Swissmedic. En résumé, elle ne «pète pas», mais procure une sensation relaxante.
Ces produits ont l'avantage de ne pas être soumis à la loi sur les stupéfiants adoptée en 2011. Le problème aux yeux de certaines organisations de prévention, c'est leur vente dans les kiosques.
Le chanvre CBD, loué pour ses vertus thérapeutiques, peut être dangereux. Sa combustion pose problème, à l'instar de la fumée de la cigarette, prévient Jean-Félix Savary, le secrétaire général du Groupement romand d'études des addictions.
500 francs par contrôle
Autre écueil: pour la police il est impossible de distinguer l'herbe illégale, avec une forte teneur en THC, de celle qui est légale. «1% de THC ou plus, c'est impossible à distinguer à l'oeil ou au toucher», confirme le chef de la police neuchâteloise Olivier Guéniat.
Les agents sont par conséquent obligés d'envoyer le produit en laboratoire pour le tester lorsqu'ils interpellent une personne en sa possession, rappelle Olivier Guéniat. Des analyses pointues et chères.
Environ 500 francs «et plus» pour chacun des contrôles. Ces frais sont pris en charge par l'Etat s'il s'avère que le taux de THC est bien inférieur au niveau autorisé. En revanche, si l'examen confirme qu'il dépasse le seuil de 1%, c'est à la personne appréhendée de s'acquitter des frais.
Tests vendus en ligne
Pour éviter de payer «des centaines de francs pour rien du tout», la police a besoin d'un instrument rapide, a réagi la Fédération suisse des fonctionnaires de police. Elle réclame des directives claires et un instrument qui permettent aux agents de faire leur travail au mieux, sans risquer de manquer à leurs devoirs.
Plusieurs polices cantonales ont également manifesté leur intérêt pour des tests rapides à faire sur place. Selon Olivier Guéniat, ce serait «la meilleure solution».
Un cri du coeur qui a été entendu par plusieurs sociétés qui se sont déjà engouffrées dans la brèche. A l'instar de l'importateur Medictest.
Il évalue en ce moment deux types de tests. L'un est facile à utiliser dans la rue et correspondrait exactement aux besoins de la police, d'après son directeur Davide Iuorno.
Il compte les vendre en ligne dans deux mois au plus tard. S'ils sont homologués, Medictest prendra ensuite contact avec les polices.
Une mode passagère?
Mais peut-être s'alarme-t-on de trop? Selon plusieurs voix, dont celle de Thomas Hansjakob, du Ministère public de St-Gall, il s'agit d'une vague qui va s'essoufler. Et ce dès que les consommateurs auront remarqué que le CBD ne fait pas d'effet, a-t-il lancé dans une interview publiée récemment dans 20 Minuten.
Quant aux questions juridiques que ce phénomène suscite, il ne s'inquiète pas non plus. D'après lui, une intervention à ce niveau-là n'est pas nécessaire.
Reste la question des vertus thérapeutiques attestées par plusieurs études et reconnues par la Confédération. Le CBD dispose de propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, anticonvulsives, antiémétiques, anxiolytiques et antipsychotiques, énumère l'OFSP.
Mais «son effet médicinal n'est pour l'instant pas assez avéré par la recherche», estime toutefois l'OFSP. Affaire à suivre.
Tags: