Car ces superbes automobiles de collection émettent les polluants les plus sales en quantités exponentielles par rapport à une brave diesel d`aujourd`hui. Mais, la nostalgie permet tout. Et même les "anti-bagnoles" les plus endurcis y vont de leur larme nostalgique en voyant passer l`automobile de leur parents ou grands-parents. D`ailleurs, les voitures titulaires d`une carte grise de collection ne sont pas frappées par les restrictions de circulation qui frappent à Paris les voitures d`avant 1997!
800.000 voitures de collection
En France, la FFVE (fédération française des véhicules d`époque) recense 800.000 voitures de collection (plus de trente ans) aux mains de 230.000 propriétaires. Soit 1,5% du parc roulant. 59.5 % de ces véhicules parcourent toutefois moins de 1.000 kilomètres par an, selon la fédération. La plupart de ces modèles ne sont certes pas des véhicules hors de prix. Au contraire. Les amateurs veulent pouvoir rouler avec, ce qui exclut déjà les modèles trop anciens. Les amateurs "s`arrachent les véhicules dont ils ont rêvé dans leur enfance. Pour un collectionneur âgé de 60-65 ans, ce sont les voitures de la fin des années 60-70 qui les séduisent", souligne Matthieu Lamoure, Directeur d`Artcurial Motorcars et commissaire-priseur.
Le parc de "vieilles" est composé pour une bonne part de voitures courantes (Citroën 2CV, DS19, Renault Dauphine, R8, R10, Simca Aronde, 1.000, 1.100, Peugeot 203, 403, 404…). 71% des ménages collectionneurs disposent d`ailleurs d’un revenu annuel inférieur à 60.000 euros, d`après la fédération professionnelle. Toutes ces anciennes attirent toujours le chaland dans les nombreuses manifestations dédiées. Il y a certes les célèbres et très chics Tour auto ou le Mans Classic, mais aussi nombre de rassemblements locaux à la bonne franquette comme le Rendez-vous mensuel de Beauvais (Oise), celui de Condrieu (Rhône), de la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine).
4 milliards de chiffre d`affaires
Le chiffre d`affaires de l`activité voitures anciennes est estimé carrément à 4 milliards d’euros par an en France, où exercent 4.000 professionnels. Problème: il faut d`abord acheter la voiture. On peut certes en hériter, mais c`est rare. Bouche à oreille, revues spécialisées, clubs, permettent de jeter son dévolu sur le véhicule de ses fantasmes – ou de ses moyens. Pour les véhicules les plus exceptionnels, néanmoins, les ventes aux enchères s`imposent. L`acquisition d`un modèle rare peut même représenter un vrai placement, sachant que les voitures n`entrent pas dans le calcul de l`ISF. Mais il faut surveiller soigneusement l`évolution des cotes. Une Ferrari 275 GTB de 1966 a été vendue 880.000 euros il y a six ans. Et elle est passée quatre ans plus tard à 2,6 millions, souligne-t-on chez Artcurial. "Il existe même 5 ou 6 fonds d`investissement qui se spécialisent dans l`auto de collection", précise Xavier Lain, directeur de la société de vente et restauration Jean Lain Vintage. C`est dire. Mais, attention, la cote peut baisser. "Les Ferrari Testarossa et Porsche 911 perdent un peu de leur valeur en ce moment", ajoute le dirigeant.
Acheter ne suffit pas, il faut aussi entretenir la voiture. Ludovic Le Boeuf, PDG d`Alain Figaret, avoue "2.000 heures de restauration" pour sa Jaguar Type E 3,8 achetée en 2009, avec laquelle il court régulièrement dans les épreuves historiques. Les dépenses moyennes annuelles d’un collectionneur s’élèvent à 6.190 euros annuellement, d`après la FFVE, dont les deux-tiers pour l’entretien et la restauration. Si les bricoleurs sauront dénicher et monter la pièce pour les modèles les plus populaires, ceux qui possèdent des véhicules exclusifs nécessitant des soins extrêmes devront recourir à des spécialistes qui facturent à prix d`or la réfection complète d`un huit cylindres ou d`un intérieur cuir et ronce de noyer.
Il est souvent nécessaire de recréer des pièces, depuis longtemps disparues. Jaguar Land Rover a ainsi créé une activité de fabrication de "fausses" pièces d`origine, des composants refaits à l`unité à partir des véhicules dans les musées scannés au laser pour obtenir les cotes précises. Résultat: Un Range Rover des débuts (années 70) revient à 150.000 euros, soit le triple de la cote d`un modèle équivalent en bon état. Mais, évidemment, celui-là est… neuf. Quand on aime, on ne compte pas?
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