Une semaine après les attentats, Paris défie la peur une bière à la main

  21 Novembre 2015    Lu: 627
Une semaine après les attentats, Paris défie la peur une bière à la main
«On va trinquer au fait qu`on soit en vie»: comme Tiphaine, 22 ans, des Parisiens ont défié la peur vendredi soir en levant leurs verres dans les cafés voisins de ceux frappés une semaine plus tôt par de sanglants attentats.
Sept jours plus tôt, des couples d`amoureux ou des groupes d`amis tombaient, fauchés par des tirs de kalachnikov tandis que d`autres rampaient pour se mettre à l`abri. Vendredi, des inconnus leur ont rendu hommage en se tenant la main, entonnant parfois la Marseillaise, à 21H20, heure de la première attaque à Paris.

Devant les cafés Bonne bière, La Belle équipe, Le Carillon, la pizzeria Casa nostra ou le restaurant Le Petit Cambodge, des dizaines de bouquets de fleurs ont remplacé les tables et chaises sur le trottoir. Certaines roses sont déjà fanées, des bougies ont fondu mais une certaine angoisse flotte toujours.

Seule à la terrasse du Café Clochette, à quelques mètres du Carillon, en début de soirée, Tiphaine Carron sirote un mojito en attendant des amies. «Il y en a une qui n`a pas du tout envie de venir ici, elle n`est pas rassurée», explique cette étudiante aux longs cheveux châtains. «Mais il faut continuer à vivre.»

«Si on reste cloîtré chez nous, c`est la fin. C`est ce qu`ils attendent», abonde Stéphane Riondy, responsable de systèmes informatiques de 33 ans, au sujet des jihadistes.
Il fume une cigarette devant un café aux coins des boulevards Voltaire et Richard-Lenoir, à quelques encablures du Bataclan.

Son ami Benoît Seblain, pinte de bière à la main, confesse «une petite peur»: «Mais ça permet de ne pas trop penser et d`avancer. On a discuté avec les gens du quartier et on s`est dit qu`il fallait essayer de vivre comme avant». «On se rassure en se disant que statistiquement il y a peu de chances que ça arrive», glisse Stéphane.

D`autres tentent l`humour pour dédramatiser: «On est en manteau, peut-être que ça nous protégera des balles», blague Alexandre Puget, devant un café de la rue Jean-Pierre Timbaud. «J`ai même hésité à mettre des baskets pour pouvoir courir si besoin», en rajoute Cynthia Sirugue, 28 ans. Tous deux reconnaissent toutefois être «plus aux aguets».
Cette semaine, les twittos s`encourageaient à revenir dans les bistrots relayant les hashtag #jesuisenterrasse ou #Tousaubistrot.

Dans le quartier festif qui entoure la rue Oberkampf, les terrasses sont fréquentées, sans être bondées. Mais un sujet revient dans toutes les conversations.

«C`est une forme de thérapie, on a besoin d`en parler», confie Ousmane Diarra, 32 ans, attablé avec une amie à la terrasse du café Chez Prune, institution du canal Saint-Martin. Il y a une semaine, il a passé la soirée terré dans un bar du Marais, rideau tiré.

Côté moral, «on a des moments cool, tranquilles, où on rigole et d`autres où on sombre. C`est un peu les montagnes russes», raconte-t-il.

Son amie Amélie Quintus, 22 ans, devait se rendre à un concert. Elle a finalement annulé «parce que ça inquiétait énormément ma famille»: «C`est ça qui a changé. Avant, c`était normal d`aller à un concert. Maintenant, je me pose la question».

Michael Steinhart et ses amis n`ont pas hésité pour venir au Petit Baïona. «On travaille à côté, on est des habitués. On n`a pas peur de venir, au contraire», explique cet architecte de 40 ans qui a perdu des amis lors du mitraillage du bar voisin, La Belle Equipe.

«Ici, c`était un hôpital de campagne, des gens sont morts, raconte Romain, un serveur. On a tout nettoyé et ouvert lundi. C`était important. Des gens qu`on ne connaît pas viennent et nous embrassent en nous disant: +Merci d`être ouvert+.»

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