On ne cesse de le répéter : Rogue One est un enjeu crucial pour Disney et Lucasfilm. Premier film hors trilogie, qui raconte une seule et unique histoire (ce que les Anglo-Saxons appellent un stand-alone), son succès sera déterminant pour l`avenir de la franchise. Il permettra au studio de voir jusqu`où il peut étendre l`exploitation de l`univers Star Wars. Un autre spin-off de ce genre, consacré à Han Solo, sortira en mai 2018, entre les épisodes 8 et 9 de la nouvelle trilogie (décembre 2017 et mai 2019). Mais c`est à Rogue One que revient la lourde tâche d`ouvrir le bal.

À regarder ces toutes dernières images au rythme implacable et divinement exotiques, on serait tenté de dire que c`est déjà gagné. Mais ce serait oublier à quel point les bandes-annonces sont trompeuses, et surtout à quel point ce blockbuster a donné des sueurs froides au tandem Disney/Lucasfilm. Rogue One raconte comment le commando des intrépides rebelles, mené par Jyn Erso (Felicity Jones), a volé les plans de l`Étoile noire, juste avant l`intrigue d`Un nouvel espoir (pour les nuls, le tout premier film Star Wars sorti en 1977).

Mission-suicide

Première source d`inquiétude : les reshoots massifs (plusieurs séquences ont été tournées cet été alors qu`officiellement les prises de vue étaient bouclées) et des rumeurs évoquant le remontage d`une bonne moitié du film. À cela s`ajoute la mise à l`écart du réalisateur Gareth Edwards et des rumeurs ont fait état d`une réorientation de Rogue One vers une tonalité plus « légère ». Embarqué dans un tunnel de déboires, le studio a dû également faire face au départ brutal du compositeur Alexandre Desplat, remplacé au pied levé par Michael Giacchino (Les Indestructibles, Là-haut, Vice Versa, Star Trek, Super 8). Selon les bruits de couloir, le musicien français n`aurait pas accepté la mission-suicide de réadapter à la dernière minute toute sa partition.

Il me restait tout juste quatre semaines et demie pour tout écrire.

C`est donc Michael Giacchino, considéré dans le milieu comme une sorte d`héritier naturel de John Williams, qui a dû endosser le sale boulot. L`homme providentiel a réécrit la musique en un mois seulement. Un record ! « J`étais en train de planifier mes vacances quand j`ai reçu l`appel... À l`époque, il me restait tout juste quatre semaines et demie pour tout écrire », vient-il de révéler à la presse. Un compositeur met généralement deux à trois mois pour composer la bande originale d`un film. « Je n`avais pas assez de temps... Mais vous travaillez avec le temps que l`on vous donne. Je suis plutôt doué pour aller à l`essentiel. J`ai vu le film et j`ai adoré, donc le problème ce n`était pas vraiment le manque d`idées ou d`inspiration. Le seul souci, c`était le timing... Une grande partie de moi stressait à cause de cette échéance. Mais une autre partie se disait : C`est la meilleure chose du monde, c`est tellement amusant ! » Michael Giacchino semble avoir fait du bon travail. Dans cette ultime bande-annonce, la musique est majestueuse, entraînante. Pourvu que le film soit du même calibre.

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