Inquiétudes pour la sécurité de l`Euro 2016

  17 Novembre 2015    Lu: 664
Inquiétudes pour la sécurité de l`Euro 2016
Les attentats du 13 novembre, qui ont notamment visé la rencontre France-Allemagne au Stade de France, posent la question du dispositif sécuritaire.
Dans quelles conditions le championnat d`Europe des nations de football va-t-il se dérouler ? Peut-on réellement assurer la sécurité des sept à huit millions de visiteurs attendus du 10 juin au 10 juillet 2016 en France ? Comment faire en sorte que les détenteurs des 2,5 millions de billets mis en vente ne désertent pas les stades de l`Euro ?

Ces questions tournent en boucle dans la tête des acteurs du football. À plus forte raison que les attentats du 13 novembre ont visé pour la première fois en France une manifestation sportive, la rencontre amicale France-Allemagne (2-0).

Si ces événements ont dans un premier temps jeté le flou sur la tenue de la compétition sur le sol français, l`UEFA, l`instance du foot européen, a maintenu lundi 16 novembre sa confiance envers le comité d`organisation de l`Euro 2016. À l`issue de la douzième réunion – preuve que cette thématique est prise au sérieux depuis un bout de temps –, du groupe de travail national sur la sécurité entre l`État et Euro 2016 SAS (la société organisatrice du championnat d`Europe des nations), l`Uefa a publié un communiqué limpide : "Pendant trois ans maintenant, le comité d`organisation de l`Euro 2016 a travaillé étroitement avec les autorités concernées pour développer les mécanismes les plus appropriés, afin de garantir un tournoi en toute sécurité, et nous sommes confiants dans le fait que les mesures nécessaires seront prises." Priorité désormais donc à la sécurisation du tirage au sort des phases finales de l`Euro, le 12 décembre au Palais des congrès (Paris).

51 matches dans 10 villes pendant 31 jours

Si l`instance qui régit le football du Vieux Continent semble sereine sur la question, il n`en reste pas moins que les événements du 13 novembre mettent le doigt sur une réalité qui fait froid dans le dos. "Les kamikazes ont tenté de pénétrer au Stade de France mais ils n`ont pas pu", a souligné Thierry Braillard, le secrétaire d`État aux sports. Dès lors, quel dispositif sécuritaire exceptionnel l`UEFA, la Fédération française de football (FFF), le comité d`organisation de l`Euro et les instances publiques comptent-elles mettre en place lors des 51 matches de la compétition qui vont se dérouler dans dix villes (Lille, Lens, Paris, Saint-Denis, Lyon, Saint-Étienne, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Nice) et ce durant 31 jours ?

Mis à part le premier jour de la compétition, du 11 au 29 juin, ce sont entre deux et quatre rencontres qui vont se jouer chaque jour dans plusieurs villes. D`où l`obligation d`un dispositif bien rodé, ne laissant place à aucune zone d`ombre. Tâche complexe puisque les stades ne sont pas les seuls lieux sur lesquels il faudra avoir un oeil. Centres d`entraînement, hôtels qui accueillent les sélections et les officiels ainsi que les "fan zones", qui peuvent accueillir jusqu`à 100 000 personnes par jour, représentent autant de cibles potentielles.

"Le risque terroriste est maximal"

"Le risque terroriste, depuis la rédaction du dossier de candidature, est considéré comme un risque clé. On sait depuis des mois que le risque est maximal. Ce que les attentats de janvier avaient montré, c`est que ce risque devenait plus aigu mais ça ne changeait pas les fondamentaux. Ma principale préoccupation aujourd`hui, c`est d`offrir le niveau de sécurité le plus élevé possible. Si cela doit passer par des mesures moins friendly, tant pis. Ce qui m`importe, c`est que les gens rentrent chez eux sains et saufs", rappelle le président d`Euro 2016 SAS, l`ancien préfet de Savoie durant les JO d`Albertville (1992) Jacques Lambert, qui se refuse à toute confidence sur les mesures ou les moyens engagés dans cette mission.

Pour autant, certains exercices d`anticipation sont d`ores et déjà connus. La veille des attentats du 13 novembre, 800 personnes se sont livrées au stade Félix Bollaert de Lens à une simulation d`attaque à l`arme chimique, répondant au nom générique de "crise NRBC" (nucléaire, radiologique, biologique, chimique). Idem au Matmut Atlantique de Bordeaux le 9 novembre dernier : un exercice d`évacuation suite à un incident provenant des tribunes (explosion, fumigène, bagarre) a été simulé, sollicitant près de 200 figurants. Et tous les stades qui accueilleront des matches de l`Euro passeront cette batterie de tests.

La question des "fans zones"

Le 2 septembre dernier, un protocole d`accord sur la sécurité de l`Euro 2016 a été signé entre l`État et la FFF, répartissant les tâches et les compétences. En gros, la sécurisation des stades, camps de base et hôtels (sélections et officiels) sont à la charge de l`organisateur. Le reste – à savoir assurer la sécurité aux abords de ces lieux – relève de la compétence de l`État. En ce qui concerne les "fans zones", ce sont les collectivités locales qui devront en assurer la protection, l`organisateur se contentant de fournir le support technique. Une mission loin d`être évidente puisque le financement de ces lieux de rassemblement qui offriront aux visiteurs la diffusion des matches sur grands écrans n`apparait pas si simple que cela.

En effet, les collectivités locales vont faire appel à des agents privés de sécurité qu`elles devront elles-mêmes rémunérer. Et avant même les évenements du 13 novembre, les rumeurs relayant des budgets destinés à la sécurité littérallement explosés en raison du coût et de la difficulté de trouver des partenaires financiers avaient tiré la sonnette d`alarme. La raison : le risque terroriste qui gonflait les enveloppes. Sûr que depuis quatre jours, elles ont dû passer au format supérieur..

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