« L’Allemagne est aussi une cible de la terreur », a reconnu le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, en annonçant un renforcement des forces de l’ordre. C’est la nouveauté de ces attaques. Après celles de janvier contre « Charlie Hebdo » et l’Hyper Cacher, les Allemands ont manifesté une profonde solidarité mais ne se sont pas forcément sentis immédiatement menacés.
C’est différent cette fois-ci. Dans sa revendication, l’Etat islamique dit avoir pris pour cible « le Stade de France lors du match des deux pays croisés, la France et l’Allemagne ». Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, était présent à la rencontre, tout comme de nombreux fans allemands.
Dilemme militaire
Selon le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, les trois terroristes « avaient des billets pour le match ». S’ils avaient pu y accéder, ils auraient réalisé un carnage en direct devant les télévisions du monde entier, a souligné le ministre sur la chaîne ZDF.
Cette nouvelle menace apporte de l’eau au moulin des opposants, de plus en plus nombreux, à la politique d’Angela Merkel en matière de réfugiés – l’Allemagne en attend un million cette année. Le parti populiste AfD, qui vient de franchir la barre des 10 % dans les sondages, et le mouvement anti-islam Pegida vont en profiter.
Mais les alliés frustrés de la chancelière se sentent aussi confortés. « Le temps de l’immigration incontrôlée et clandestine ne peut plus continuer comme cela, a déclaré Markus Söder, ministre des Finances de Bavière. Paris change tout », a ajouté ce pilier de la CSU, l’alliée bavaroise de la CDU d’Angela Merkel. Le fait qu’un Monténégrin ait été arrêté dans le Land début novembre, avec des armes, en route vers Paris, ne fait que le renforcer.
Mais l’adaptation de sa politique de réfugiés, déjà entamée, pourrait ne pas être le plus grand défi pour la chancelière. Alors que François Hollande parle de « guerre » et qu’elle lui a promis « tout son soutien », sa promesse pourrait la placer devant un dilemme militaire.
« Après les attentats du 11 Septembre, l’Allemagne s’est résolue à défendre sa sécurité en Afghanistan, écrit dimanche la « FAZ ». Elle doit maintenant se demander si la sécurité de l’Europe ne doit pas être défendue sur le sol syrien – au côté de la France. »
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