L`UE débloque 1,8 milliard pour l`Afrique et cherche une issue avec Ankara

  12 Novembre 2015    Lu: 440
L`UE débloque 1,8 milliard pour l`Afrique et cherche une issue avec Ankara
Les Européens ont lancé jeudi à Malte un fonds d`aide à l`Afrique de 1,8 milliard d`euros pour tenter de convaincre les pays africains de les aider à endiguer l`afflux de migrants, qui met à mal la cohésion de l`UE.
Le sommet de la Valette, ouvert mercredi, doit également aboutir à un plan d`action commun. Il devait être suivi d`un sommet entre seuls dirigeants européens, qui feront le point sur les tractations en cours avec la Turquie, à qui l`UE demande de freiner le flux de réfugiés syriens.

Dans ses discussions avec les pays africains, l`UE a déjà mis sur la table 1,8 milliard d`euros, pour financer des projets luttant "contre les causes profondes des migrations". Mais elle exhorte les Etats membres à apporter en plus leur propres contributions pour doubler la mise.

Or, on est encore loin du compte. Les promesses des pays européens n`ont atteint qu`un total de quelque 78 millions d`euros, selon un décompte de la Commission.

C`est "loin d`être suffisant", a réitéré jeudi le président nigérien Issoufou Mahamadou.
En dépit de l`hiver qui approche, le flux de migrants vers l`Europe ne faiblit pas et a conduit mercredi la Slovénie à installer des barbelés le long de sa frontière avec la Croatie. Quelques heures plus tard, la Suède annonçait qu`elle rétablissait des contrôles à ses frontières, dans l`espoir là aussi de freiner les arrivées.

"Il ne s`agit pas d`une barrière (...) mais nous devons être sûrs que nous avons des contrôles" aux frontières, a expliqué jeudi à Malte le Premier ministre suédois, Stefan Lovfen.

Dans leur déclaration commune, qui doit être signée dans la journée, Européens et Africains s`engagent à "gérer ensemble les flux migratoires dans tous leurs aspects".

Plan d`action

La cinquantaine de dirigeants européens et africains présents à La Valette doivent également souscrire à un plan d`action comportant une série de mesures visant à freiner les flux de migrants.

Certains dirigeants africains se sont néanmoins agacés de la pression européenne sur l`Afrique. Les migrants africains vers l`Europe "ne sont pas aussi nombreux qu`on le dit. Pourquoi toute cette énergie sur les migrants africains", a demandé jeudi le président sénégalais Macky Sall.

Son homologue ivoirien, Alassane Ouattara s`est également montré agacé, soulignant que son pays, avec 25% de ressortissants étrangers était un "modèle d`intégration".
Les Européens, avec leur fonds d`urgence, espèrent convaincre leurs partenaires en Afrique de les aider à renvoyer chez eux les migrants en situation irrégulière.

"On ne peut pas insister à réadmettre les Africains chez eux pendant qu`on parle d`accueillir les Syriens et d`autres. C`est un traitement différencié que nous condamnons, parce que c`est discriminatoire", s`est insurgé le président sénégalais.

`Pas la seule réponse`

"Le retour dans le pays d`origine ne saurait être la seule réponse de l`Europe aux migrants Africains. En effet, (certains d?entre eux) ont besoin, à l?instar des migrants venus d?autres régions, de protection", a rappelé de son côté le président ivoirien.

Pour les Africains, la priorité est plutôt le renforcement de l`immigration légale vers l`Europe, dont ils ont souvent besoin économiquement, compte tenu de l`importance des sommes expédiées par les Africains vivant en Europe à leurs familles.

Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains, selon le projet de plan d`action consulté.

Le plan d`action proposera de favoriser la venue en Europe d`officiers d`immigration africains, chargés d`aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L`objectif est de mettre en place des expérimentations dès l`an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.

"Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n`est pas possible, les départs forcés sont un pré-requis pour une politique migratoire efficace", a indiqué sur ce point le président du Conseil européen Donald Tusk.

Le sommet doit prendre fin jeudi à la mi-journée et sera immédiatement suivi d`un autre, entre seuls Européens, surtout focalisé sur les discussions en cours avec la Turquie, autre pays-clé dans la stratégie européenne visant à limiter les arrivées de réfugiés et de migrants.

La Commission européenne avait annoncé il y a quelques semaines avoir jeté les bases d`un plan commun d`action, mais Ankara avait douché son optimisme en disant que ce plan était encore loin d`être acquis.

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