Terrorisme: la délicate question de l`inhumation des terroristes djihadistes

  04 Août 2016    Lu: 854
Terrorisme: la délicate question de l`inhumation des terroristes djihadistes
Au lendemain de la cérémonie d’hommage au père Jacques Hamel, la question de l’inhumation de ses deux assassins se posent
Après chaque attentat, la même question : que faire des corps des terroristes djihadistes une fois les autopsies et autres analyses effectuées ? Au lendemain de l’enterrement du père Jacques Hamel, les autorités se penchent sur le sort de ses deux assaillants. Selon nos informations, aucun permis d’inhumer n’a pour l’instant été délivré par la municipalité. Des discussions seraient toujours en cours avec la préfecture, affirme La Croix. L’équilibre est périlleux : comment respecter la douleur des victimes sans porter atteinte au principe de dignité de tout être humain ?

En 2011, les Etats-Unis avaient opté pour un choix radical après la mort de Ben Laden : jeter son corps à la mer pour éviter que sa sépulture ne devienne un lieu de recueillement. Une solution totalement contraire au droit français. L’article L2223-3 du Code général des collectivités territoriales limite l’inhumation à trois possibilités : soit la personne est enterrée dans la commune où elle est décédée, soit dans celle où elle est domiciliée, soit dans celle où elle possède une sépulture familiale.

Des tractations houleuses

Si la famille en fait la demande, la mairie de Saint-Etienne-du-Rouvray devra accueillir sur ses terres la dépouille d’Adel Kermiche qui résidait et est décédé dans la commune. Abdel Malik Petitjean pourrait, quant à lui, être inhumé à Aix-en-Provence où il vivait. « On ne communique pas sur le sujet », répond froidement la mairie de la ville des Bouches-du-Rhône.

En pratique, l’inhumation des terroristes donne lieu à chaque fois à des tractations houleuses. En 2012, la mairie de Toulouse a reporté de 24 heures l’enterrement de Mohammed Merah, abattu par la Raid, espérant ainsi que la dépouille du terroriste soit envoyée en Algérie où sa famille souhaitait l’enterrer. Face au refus d’Alger, la municipalité socialiste n’avait eu d’autres choix que d’accepter son inhumation. De même, après l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, les maires des communes où résidaient Saïd et Chérif Kouachi - respectivement Reims et Gennevilliers - ont été rappelées à l’ordre par les préfectures. Les tractations prennent parfois plusieurs mois. L’un des trois terroristes du Bataclan, Foued Mohamed-Aggad n’a été inhumé qu’en mai, soit près de sept mois après son décès.

Inhumation dans la nuit, tombe anonyme, interdiction de carré musulman…

En réalité, ce sont principalement sur les conditions d’inhumation que peuvent jouer les collectivités. Pour que les sépultures des terroristes ne deviennent pas des lieux de pèlerinage, les tombes sont systématiquement anonymes.

Pour préserver le calme, les municipalités peuvent également émettre des dispositions particulières, notamment l’interdiction de tout rassemblement. Ainsi, Chérif Kouachi a été enterré à Gennevilliers en pleine nuit, sans qu’aucun proche ne soit présent.
L’imam de la mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray a néanmoins fait savoir qu’il s’opposerait à une inhumation dans l’un des deux carrés musulmans de la ville. « On ne veut pas salir l’islam avec cette personne », a-t-il déclaré à l’AFP. Et de préciser : « Nous ne participerons ni à la toilette mortuaire, ni à l’inhumation dans l’hypothèse où elle serait réclamée par la famille. »

La solution pourrait éventuellement venir du Fonds islamique danois pour les enterrements. Le président de ce dernier, Kasem Said Ahmad, s’est en effet dit mercredi prêt à enterrer Adel Kermiche à Brondy au Danemmark si les musulmans de France s’y refusent par peur de « salir l’islam ».

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