Mais les rayures de tigres ne dépendent pas simplement des couleurs du pelage. Elles sont inscrites dans la peau, et diffèrent chez chaque animal, comme une véritable empreinte digitale. Et pour cause : leur formation se fait au niveau embryonnaire, lors de la différenciation des cellules souches. Comment s’organisent ses formes en apparence aléatoire ? Elles révèlent en réalité une surprenante régularité.
Une constante dans le règne animal
Des chercheurs du King’s College de Londres ont résolu cette énigme, en examinant non pas des tigres, mais des souris. Les crêtes régulièrement espacées sur le palais des rongeurs sont régies par le même mécanisme d’alternance que les rayures et les taches. La clef de l’énigme : un tandem de morphogènes, travaillant main dans la main comme « activateur » et « inhibiteur ». Ces protéines déterminent la différentiation des cellules, et jouent un rôle crucial lors du développement embryonnaire.
La fonction activatrice provoque l’apparition d’un certain type de cellule, tandis que la fonction inhibitrice empêche leur apparition. Schématiquement, l’un active une rayure, puis l’autre un espace blanc : le motif apparaît alors de façon régulière. Ces résultats fournissent la preuve expérimentale d’une théorie formulée par Alan Turing. Célèbre pour avoir décrypté les codes secrets nazis durant la Seconde Guerre mondiale, et considéré comme le père du premier ordinateur, ce mathématicien de génie s’était aussi penché sur la biologie, et avait vu juste.
D’apparence anecdotique, cette découverte lève le voile sur une question centrale en biologie. Les structures répétitives sont un motif récurrent dans tout le règne animal : depuis les follicules pileux, jusqu’aux vertèbres, en passant par les rayures de tigres et les tentacules des hydres.
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