«Games of Thrones», la série qui rend sot

  21 Juin 2016    Lu: 664
«Games of Thrones», la série qui rend sot
Déconcertés, confus, embarrassés… Les fans de Tyrion, Arya et Daenerys manquent de jugement, d’intelligence…
On se calme les trolls. Sot ne veut pas dire bête ni stupide… Sot signifie « qui manifeste soudain de l’embarras, de la confusion, face à une situation qui le déconcerte ». Et pourquoi les fans de Game of Thrones sont-ils systématiquement « déconcertés » ? Pas tant à cause des rebondissements à l’œuvre dans la série. Pour être honnête, à quelques très belles exceptions près, les péripéties n’y sont pas particulièrement renversantes une fois qu’on a compris qu’on avait affaire à des scénaristes vicieux et sadiques.
Rétrospectivement, même le fameux « wahou » épisode des Noces pourpres, même les mésaventures de Jon Snow, même la tête tranchée de Ned Stark, même le destin heurté de Daenerys, sont prévisibles, ou du moins logiques. Revoyez calmement les saisons 1 à 5, vous verrez, c’était limpide. On aurait du tout voir venir.

Aller là-haut siffler sur la colline

Non. Si Game of Thrones embarrasse ses spectateurs, c’est à cause de la déception que semble charrier chaque épisode avec lui. Les théories de fans polluent considérablement le plaisir simple de découvrir la suite d’une série, épisode après épisode. Le succès et la nature même de la série ont engendré des fans particulièrement pénibles ne pouvant s’empêcher d’échafauder des théories farfelues. Et systématiquement fausses.



Même le spectateur lambda qui ne passe pas son temps à lire tout ce qui s’écrit sur la série ne peut s’empêcher, de lui-même, d’élaborer des théories sur la suite de la saga. Parce que celle-ci est construite sur la notion d’attente déçue. Depuis combien de temps attend-on que Daenerys débarque à Westeros avec ses dragons pour cramer tout le monde ? Et pourtant, nous savions qu’il faut des années à un dragon pour atteindre sa taille adulte (même si la dracologie n’est pas au programme de SVT). Et ces morts-vivants, ils débarquent un jour ou bien ?

Match nul à la fin

Game of Thrones se déroule dans un univers médiéval fantastique plus réaliste que merveilleux. Les indices de ce merveilleux sont des bestioles assez décevantes sur le plan de la magie. Point de licornes enchanteresses ici. Qu’est-ce qu’on a ? Des loups géants à peine plus futés que de gros chiens. Des géants balourds et limités. Des voyants hémiplégiques. Des prêtres qui ressuscitent les gens mais ne savent pas trop comment. Des morts-vivants dont on attend encore et toujours qu’ils déferlent vraiment en hordes. Et des dragons. Oh ils sont beaux, pas de souci. Mais là encore, il s’agit d’animaux « réalistes », pas très mystérieux en somme.

George R.R. Martin a déjà expliqué que le propos de sa saga était de dénoncer les guerres des puissants qui font systématiquement souffrir les faibles. Là encore, il s’attache à un grand réalisme. Derrière le « jeu des trônes », il y a une réalité sociale terrible : maladies, pillages, famine. Et nous autres spectateurs continuons à nous demander qui sera le prochain roi ou la prochaine reine suivant le même procédé faisant que les citoyens s’intéressent plus aux sondages entourant les élections qu’aux programmes économiques des candidats.

Game of Thrones veut nous donner une leçon : la guerre, c’est mal. Peu importe qui gagne à la fin. D’ailleurs, scoop, personne ne gagne à la fin. Et nous voilà bien sot d’avoir passé six saisons à espérer voir triompher « les gentils ».

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