A 14 ans, Aziza la "Malala afghane" se bat pour les enfants réfugiés

  31 Octobre 2015    Lu: 917
A 14 ans, Aziza la "Malala afghane" se bat pour les enfants réfugiés
Aziza a déjà convaincu ses aînés d`ouvrir les écoles aux enfants réfugiés et de fournir l`eau courante à plus de cent familles. Une pugnacité qui lui vaut le titre officieux de "Malala afghane".
A 14 ans, Aziza Rahimzada a déjà convaincu ses aînés d`ouvrir les écoles aux enfants réfugiés et de fournir l`eau courante à plus de cent familles. Une pugnacité qui lui vaut le titre officieux de "Malala afghane".

La comparaison avec la jeune lauréate pakistanaise du prix Nobel de la paix pourrait s`arrêter là mais Aziza vient juste d`être nommée pour le Prix international de la paix pour les enfants (International Children`s Peace Price), une distinction déjà remportée par... Malala.

Et tout comme son alter ego pakistanais, Aziza compte bien mettre sa renommée au service de son combat pour le droit à l`éducation, dans un pays où l`école n`est qu`une chimère pour les plus humbles.

Aziza sait de quoi elle parle. Elle est née et vit à Kaboul dans un camp pour déplacés, où sa famille originaire d`une province au nord de la capitale a trouvé refuge en 2001, à l`époque où le régime des talibans vacillait face aux coups de boutoir de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.

"Tous ces enfants sont des enfants de la guerre. Ils ont énormément souffert durant le conflit. Je leur donne des conseils et je leur explique l`importance de l`éducation", explique l`adolescente.

"Souvent les parents ne sont pas très éduqués, je dois donc les convaincre eux aussi", ajoute-t-elle, assise dans la maisonnette en brique où elle habite avec les sept autres membres de sa famille.

Son aplomb inhabituel a attiré l`attention du Mini-cirque mobile pour enfants, une ONG fondée par deux Danois, Berit Muhlhausen et David Mason, qui se sont installés en Afghanistan après la chute du régime des talibans.

Le Mini-cirque sillonne l`Afghanistan, divertit tout en éduquant et repère les enfants les plus à même de porter les revendications de leurs communautés, dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans.

"Aziza nous a impressionnés dès le début. Elle réfléchissait davantage que les autres, prenait leur défense, questionnait sans cesse. Elle s`est progressivement faite l`avocate des autres enfants", relève David Mason.

`Un pas de géant`

Lors de "chouras", les assemblées organisées par le Mini-cirque, Aziza a vite mis le doigt sur les difficultés rencontrées par les 500 enfants de son camp, au premier chapitre desquelles le manque d`eau courante.

Les enfants étaient obligés de faire de longs trajets pour aller chercher des seaux d`eau, jusqu`à ce qu`Aziza convainque les autorités d`installer un tuyau qui apporte l`eau jusqu`au camp, desservant 144 familles.

L`autre point noir ? L`éducation rendue impossible par des tracasseries administratives. Les enfants de réfugiés, généralement très pauvres, n`avaient pas les papiers nécessaires pour être inscrits dans les écoles de la capitale. Et pour cause: les autorités kaboulies estimaient que les déplacés n`étaient que des résidents temporaires, appelés à rentrer très vite chez eux.

Avec l`aide du Mini-cirque, Aziza est parvenue à rallier les autres enfants à cette cause et à faire pression sur les responsables, puis sur le Parlement afghan. Leur ténacité a payé puisque les autorités ont finalement accepté qu`ils puissent être inscrits dans les écoles de Kaboul, créant une sorte de jurisprudence applicable aux 59 camps de réfugiés de la capitale, où vivent environ 25.000 enfants.

"Cela a été un pas de géant. J`ai vu tous ces enfants en uniformes d`écoliers et je ne les ai pas reconnus !" se souvient David Mason, le directeur du Mini-cirque.

Pour son partenaire Berit Muhlhausen, Aziza fait preuve d`un charisme exceptionnel, mais aussi d`une capacité à prendre la défense des enfants sans s`attirer les foudres d`une société ultra-conservatrice, peu habituée à voir des femmes, jeunes qui plus est, s`insurger contre leurs conditions de vie.

Aziza Rahimzada est l`une des trois finalistes nommés pour le Prix international de la paix pour les enfants, aux côtés d`Abraham Keita, un Libérien de 17 ans, et de Jeanesha Bou, 17 ans, de Porto Rico. Le gagnant doit être annoncé le 9 novembre aux Pays-Bas.

Mais la jeune fille, qui veut devenir la première médiatrice de la République afghane, estime que son travail est loin d`être terminé. "Un jour, les ONG étrangères cesseront de nous aider. C`est pourquoi nous devons renforcer nos institutions et obtenir plus de justice sociale", dit-elle.

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