Diesel: l`Union européenne assouplit les seuils d`émission de gaz polluant

Pour être homologué, un véhicule devra passer les deux tests, en laboratoire et sur route.
Si cette modification semble tomber à pic, la réflexion a en fait été lancée depuis 2010, lorsque la Commission avait relevé l`écart dans les mesures. La mise en place des tests en condition réelle dès janvier 2016 avait été votée au printemps, mais il restait à établir leur caractère contraignant.
«L`accord trouvé sur la divergence autorisée entre la limite autorisée mesurée en condition réelle de conduite et celle mesurée en laboratoire représente quand même une baisse significative comparée à la différence actuelle», qui peut être quatre fois plus élevée, souligne la Commission.
L`application de cette décision, prise à Bruxelles au sein d`un comité technique, se fera en deux étapes au cours des six prochaines années afin de prendre en compte «les limitations techniques» dans l`amélioration des moteurs diesel par une industrie qui représente 12 millions d`emplois dans l`UE.
Marge de tolérance
A partir de septembre 2017, les constructeurs vont bénéficier d`une marge de tolérance pour les émissions d`oxyde d`azote de 110% pour les nouveaux modèles mis en circulation (en 2019 pour les nouvelles voitures), soit deux fois plus que le seuil de 80mg/km stipulé actuellement par la législation européenne pour les tests en laboratoire.
Puis à partir de janvier 2020, la différence sera ramenée à 1,5 fois (50%) pour tous les nouveaux modèles (un an plus tard pour les nouvelles voitures) et ce de façon permanente.
A la suite du scandale des moteurs truqués de Volkswagen, qui permettaient au constructeur de passer les tests haut la main aux Etats-Unis, ce nouveau paquet législatif est venu sous le feu des projecteurs, forçant la Commission à une communication peu courante pour ce type de procédure décisionnelle prise entre experts.
Les constructeurs satisfaits
Les réactions ne se sont pas faites attendre. «L`industrie automobile soutient l`adoption rapide d`une législation complète sur les tests en condition réelle de conduite», a réagi l`ACEA, l`Association des constructeurs européens, tout en précisant qu`elle allait maintenant «examiner le contenu et les implications de l`accord».
Les écologistes indignés
En revanche, les Verts et des associations de protection de l`environnement crient au scandale : «Les citoyens vont se demander pourquoi leurs gouvernements préfèrent aider les constructeurs automobiles qui trichent lors des tests plutôt que de leur fournir un air propre à respirer», s`est indigné Greg Archer, de l`ONG Transport & Environment, basée à Bruxelles et Londres.
Les eurodéputés libéraux et Verts, qui ont voté la limite de 80 mg/km, sont aussi montés au créneau : «C`est un honteux coup monté qui une fois de plus place les intérêts des constructeurs automobiles devant la santé des gens», a tonné la Britannique libérale-démocrate Catherine Bearder dans un communiqué.
«Les Etats-membres complotent dans le dos des citoyens pour autoriser les dépassements des plafonds autorisés», lui a fait écho l`écologiste française Karima Delli, alors que son collègue néerlandais des Verts Bas Eickhout a souligné que les plafonds étaient «technologiquement possibles» à atteindre. «Certains constructeurs se plient déjà aux normes de l`UE, ainsi qu`aux normes américaines, plus strictes», a-t-il observé.