«Reign », le «Game of Thrones» pour les ados ?
Les jeux du trône à la cour de France ?
Le pitch de Reign augure d’un drame historique façon Tudors. 1557, Marie Stuart, 15 ans, reine d’Ecosse, fait son entrée, accompagnée de sa suite, à la cour de France en tant que promise du dauphin de France, le futur François II. Posé là, on imagine des complots, des tentatives d’empoisonnement, de décapitations, de batailles sanglantes, prémisses des guerres de religion. Bref, des qui s’entretuent comme dans Game of Thrones. On songe à une Catherine de Medicis aussi vénéneuse, machiavélique et cruelle que Cersei Lannister, conseillée par son fidèle, sombre et terrifiant prophète Nostradamus.
Mais Reign est à la dynastie des Valois ce que Kim K. est au bon goût. Ceux qui viendront y chercher de quoi réviser leur Histoire de France courent à l’échec. Les dialogues sont savoureusement anachroniques, la musique de Trevor Morris reprend les hits pop du moment avec des arrangements baroques, les costumes de Meredith Markworth-Pollack réinventent pourpoints, justaucorps et autres fraises de la Renaissance comme ceux de Milena Canonero avaient réinventé les postiches, paniers et escarpins du siècle des lumières dans Marie Antoinette de Sofia Coppola.
Une série qui fait fi de l’histoire
Henry II se voit flanquer d’un fils illégitime fictif avec Diane de Poitiers, incarné par Torrance Coombs, le Thomas Culpeper desTudors. Le bâtard, ténébreux et mystérieux, s’éprend évidemment de la naïve et combative Marie Stuart, campée par l’Ecossaise Adelaide Kane, vue notamment dans le soap australien Les Voisins et la série fantastique américaine Teen Wolf. Le futur François II, est joué par Toby Regbo, qui a incarné Albus Dumbledore jeune dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, est un prince aussi croquignolet que gentillet. Les intrigues de cour cèdent la place au triangle amoureux.
Les suivantes de Marie Stuart sont aussi jolies qu’insipides. Henry II est mégalo et Catherine de Médicis (Megan Follows, l’inoubliable rouquine de la minisérie Anne… La Maison aux pignons verts) a le machiavélisme d’une sorcière de conte de fées. Avec ses héros sans aspérités, la série vire vite au soap, très addictif, pour ado.
Nostradamus, le démon païen et la fille avec un sac sur la tête
Le fantastique se manifeste via une mystérieuse fille avec un sac sur la tête, un démon païen avide de sang et les prophéties d’un Nostradamus, un peu mou du genou, alors qu’on se réjouissait de le voir camper par Rossif Sutherland, le fils de Donald et le demi-frère de Kiefer. Quant au sexe, s’il est très présent dans les conversations, il ne l’est pas beaucoup à l’écran.
Reign est diffusé aux Etats-Unis sur The CW, chaîne destinée aux jeunes adultes, à qui l’on doit Gossip Girl ou Vampire Diaries. La série souffre de schizophrénie, coincée entre les impératifs commerciaux d’une chaîne et l’Histoire, violente et passionnante, qu’elle est censée relater. Pas de quoi en faire toute une histoire !