Les ONG qui poursuivent l`Etat français pour l`imposition des mesures d`urgence à Calais dénoncent les nouveaux défis sanitaires qu`affrontent les réfugiés à l`approche de l`hiver.

Les ONG françaises qui aident les réfugiés dans la "Jungle" à Calais (nord de la France) dénoncent la dégradation de la situation et les nouveaux défis sanitaires sur place à l`approche de l`hiver.

Les ONG, qui ont déposé lundi un référé-liberté pour exhorter l`Etat français à prendre des mesures d`urgence à Calais, critiquent notamment l`"insuffisance" du nouveau plan du gouvernement qui consiste à étendre la portée de l`aide humanitaire aux réfugiés.

Le ministre de l`Intérieur français Bernard Cazeneueve s`était notamment engagé au nom du gouvernement à porter son aide à 6 000 réfugiés, dont les femmes et les enfants, qui affrontent l`hiver dans des abris improvisés et dans des conditions sordides.

Alors que Cazeneuve a annoncé l`installation des tentes chauffées sur place et le déploiement de 450 policiers, Médecins du Monde et Calais Solidarity ont estimé que ces plans sont "insuffisants" et risquent de transformer le camp en une "prison".

"Ils [réfugiés] n`ont pas accès aux besoins essentiels tels que la nourriture, l`eau ou un logement stable", a noté Jean-François Corty, directeur des missions de France de Médecins du Monde, dans son commentaire pour Anadolu.

"Ce que proposent les autorités aujourd`hui est largement insuffisant et ne permet pas à ces gens de survivre. Nous avons condamné cette situation à plusieurs reprises depuis l`an dernier", a-t-il indiqué.

Les familles fuyant les zones de conflit, dont la Syrie, l`Irak, l`Érythrée, l`Afghanistan ou encore le Soudan du Sud, vivent désormais dans des conditions "potentiellement mortelles", dans les dunes à 10 kilomètres de Calais, la ville portuaire qui relie la France au Royaume-Uni.

La présence d`un grand nombre des réfugiés dans la région persiste depuis 1999 après le surpeuplement du centre d`accueil Sangatte et sa fermeture sous la présidence de Nicolas Sarkozy en 2002.

Qualifiant les conditions dans la "Jungle" d`"effrayantes", Corty a souligné que Médecins du Monde a mis en place des installations similaires à celles que l`on trouve dans les zones de guerre ou de catastrophe naturelle.

"Nous n`avons aucun soutien de la part du gouvernement", a renchéri Corty et d`ajouter: "La situation s`empire à l`approche de l`hiver. Avec le froid, la boue et l`humidité, les réfugiés sont de plus en plus exposés aux maladies. La situation sanitaire est un désastre".

Selon Corty, la plupart des réfugiés souffrent des problèmes psychologiques qui sont liés aux conditions dans la Jungle et au sentiment de dégradation.

"La situation sanitaire des migrants de Calais est pire que dans les pays en guerre", a affirmé pour sa part, Mady Denantes, médecin bénévole chez Médecins du Monde.

"Ce n`est pas digne de la France. Même dans les pays pauvres ou en guerre, les camps ne sont pas dans cet état", a-t-elle témoigné, dans son commentaire pour l`Express.

Calais Solidarity est revenu de son côté à la construction d`un nouveau camp à Calais qui devrait accueillir 1 500 réfugiés.

"Le nouveau camp logera 1500 personnes, mais environ 6000 sont dans la jungle actuellement. Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas leur place au camp ? Et pour ceux qui « ont le profil » ? Laisseront-ils le reste du camp vivre en autonomie en dehors des murs de cette prison ? Il ne semble pas. Il semble plutôt qu’une expulsion à grande échelle surviendra dans les prochains mois", a mis en garde l`ONG dans une déclaration sur son site internet.

"Avec un sens pratique élémentaire, ce camp fait hurler d’irrespect", a déploré Calais Solidarity, critiquant la construction de ce nouveau camp sur la partie la plus humide et sauvage de la jungle sans aucune implication d`un architecte.

"Les gens de la jungle ne veulent pas de camps fermés. Beaucoup le voient comme ce que c’est réellement: non pas une posture humanitaire offrant de l’hygiène et de la sécurité, mais un pas de plus dans des projets de division et de contrôle des gens", a encore insisté l`ONG.

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