Nucléaire : le soir de l’élection présidentielle, les États-Unis ont procédé à un test de missile intercontinental

  06 Novembre 2024    Lu: 133
Nucléaire : le soir de l’élection présidentielle, les États-Unis ont procédé à un test de missile intercontinental

Il était précisément 23h01 (heure du Pacifique) ce mardi soir sur la côte ouest américaine quand un puissant missile balistique intercontinental «Minuteman III», non-armé bien sûr, a décollé de la base Vandenberg de la force spatiale des États-Unis, suivi de près par un avion de commandement aéroporté E-6E Mercury de l’US Air Force chargé de ce que les Américains nomment la mission «TACAMO» - «Take Charge And Move Out», soit «prendre en charge et s'en aller» en français.

Le lancement a pu être observé à proximité du site. Programmé plusieurs années à l’avance, cet essai a eu lieu alors que les citoyens américains achevaient de se rendre aux urnes pour élire le 47e président des États-Unis. À ce stade du dépouillement, il ne fait plus aucun doute que ce sera Donald Trump qui, en tant que «commander in chief», sera le décisionnaire ultime de la dissuasion nucléaire américaine pour les quatre prochaines années.

Ces essais de missiles intercontinentaux se font très régulièrement, outre-Atlantique (et dans tous les États dotés de l’arme nucléaire) et souvent en novembre, mais la concomitance - largement prévisible - a pu interroger. «L'élection n'a rien à voir avec sa programmation», a précisé l'Air Force Global Strike Command au média californien Lompoc Record. L’objectif du tir était classiquement de «démontrer l'état de préparation des forces nucléaires américaines et donner confiance dans la létalité et l'efficacité de la dissuasion nucléaire du pays». L’année dernière, un lancement similaire avait eu lieu le 1er novembre et s’était d’ailleurs soldé par un échec : le missile balistique s'est auto-détruit en vol en raison d'une «anomalie» dont l'origine n'a pas été précisée par l'armée américaine.

«Le tir de demain n'a rien exceptionnel. Sauf qu'il faut bien avouer que le choix de la date est assez étrange. Les programmes, notamment stratégiques répondent à des contraintes calendaires propres. On a parfois tendance à vouloir lier des essais à des événements géopolitiques majeurs, alors qu'il ne s'agit très souvent que de coïncidences. Toutefois, la date de ces élections est connue depuis très longtemps (des décennies voire des siècles en fait). Il est donc étonnant, particulièrement au regard des enjeux de cette élection, que le test ait été prévu à ce moment précis», a réagi sur X le chercheur Étienne Marcuz, spécialiste des questions nucléaires, qui s’interroge : «Faut-il y voir un message stratégique ? C'est possible, afin de montrer que la dissuasion nucléaire fonctionne tout le temps, même lorsque l'attention des citoyens du pays est tournée vers l'intérieur». 

«Les forces stratégiques veillent», conclut-il. «Je ne crois pas qu'il faille voir des messages partout. En revanche, vous avez raison, le timing est mal choisi», nuance Bruno Tertrais, le directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. Le «timing» interroge en raison de la date de l’élection présidentielle, qui se produit dans un contexte très particulier. Elle sera possiblement un tournant pour la guerre d’Ukraine qui se déroule dans une «atmosphère nucléaire» - la formule est de Bruno Tertrais - puisqu’elle oppose indirectement plusieurs États dotés, dont la Russie et les États-Unis. Justement, Moscou a révisé sa doctrine nucléaire le 26 septembre dernier, abaissant le seuil d’engagement puisqu’elle prévoit une riposte possible en cas d’attaque conventionnelle menée par un État soutenu par des puissances nucléaires. Le contexte est également explosif avec la Corée du Nord - qui a procédé à un test de missile intercontinental il y a quelques jours - et les graves tensions entre Israël, puissance nucléaire, et l’Iran, puissance du seuil, qui font peser le risque d’une escalade.

Or, les deux mois entre l’élection présidentielle américaine et l’investiture du «président élu» sont souvent perçus comme une période de vulnérabilité pour les États-Unis qui peut a contrario représenter une fenêtre d’opportunité pour des adversaires potentiels de Washington. (Le Figaro)


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