La Chine demande à ses constructeurs automobiles de revoir leurs investissements vers l'UE

  30 Octobre 2024    Lu: 401
La Chine demande à ses constructeurs automobiles de revoir leurs investissements vers l

La Chine a demandé à ses constructeurs automobiles d'éviter tout investissement important dans les pays européens favorables à une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques construits en Chine, selon deux sources proches du dossier.

Une orientation de Pékin à même de diviser encore davantage les pays européens.

Les nouveaux droits de douane de l'Union européenne, qui peuvent atteindre 45,3%, sont entrés en vigueur mercredi après une enquête d'une année qui a divisé les Vingt-Sept et engendré des représailles de la part de Pékin.

Dix États membres de l'UE, dont la France, la Pologne et l'Italie, ont voté en faveur de l'augmentation des droits de douane lors d'un scrutin organisé début octobre. Cinq, dont l'Allemagne, s'y sont opposés et 12 se sont abstenus.

Alors que Pékin poursuit les négociations pour trouver une alternative aux droits de douane, les constructeurs automobiles chinois, notamment BYD, SAIC et Geely, ont été invités, lors d'une réunion organisée le 10 octobre par le ministère du Commerce, à suspendre leurs plans d'investissements dans des projets tels que des usines dans les pays ayant soutenu la proposition, ont déclaré les deux sources.

Ces personnes ont refusé d'être nommées, la réunion n'étant pas publique.

Des constructeurs automobiles étrangers ont assisté à la réunion au cours de laquelle les participants ont été invités à la prudence dans leurs investissements dans les pays qui se sont abstenus de voter et "encouragés" à investir dans ceux ayant rejeté les droits de douane, ont déclaré les sources.

Geely s'est refusé à tout commentaire. SAIC, BYD et le ministère du Commerce n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires.

L'Italie et la France figurent au nombre des pays de l'UE qui ont courtisé les constructeurs automobiles chinois pour obtenir des investissements tout en mettant en garde contre les risques, pour les fabricants européens, d'un afflux de véhicules électriques chinois bon marché.

PRUDENCE

L'entreprise publique SAIC, deuxième exportateur automobile chinois, est en train de sélectionner un site pour une usine de véhicules électriques en Europe et prévoit par ailleurs d'ouvrir un deuxième centre européen de pièces détachées en France cette année afin de répondre aux besoins de ses voitures de marque MG.

L'entourage de la ministre française déléguée au Commerce extérieur, Sophie Primas, s'est refusé à tout commentaire dans l'attente d'une rencontre avec son homologue chinois Weng Wentao prévue dimanche à Shanghaï, où le sujet des conséquences des hausses des droits de douane "sera abordé", a-t-il dit à Reuters.

"Le positionnement de la France n'est pas qu'offensif, il faut être dans un dialogue, pas seulement dans la confrontation", a déclaré mardi à Reuters une source diplomatique française.

"On a des intérêts en Chine, c'est important de maintenir le dialogue qui doit se faire dans de bonnes conditions et sur une concurrence loyale", a-t-elle ajouté à l'approche de l'entretien entre Sophie Primas et Weng Wentao, organisé à l'occasion de la foire China International Import Expo de Shanghaï.

Le gouvernement italien est en pourparlers avec Chery, le plus grand constructeur automobile chinois en termes d'exportations, et d'autres groupes comme Dongfeng Motor en vue d'investissements potentiels.

Le ministère italien de l'Industrie s'est refusé à tout commentaire. Dongfeng et Chery n'ont pas réagi dans l'immédiat.

BYD construit une usine en Hongrie, un pays qui a voté contre les droits de douane. Le géant chinois des véhicules électriques envisage de déplacer son siège européen des Pays-Bas vers la Hongrie pour des raisons de coûts, ont déclaré deux personnes distinctes au fait du dossier.

Même avant que Pékin ne fasse connaître ses orientations, les entreprises chinoises se montraient prudentes quant à l'installation de sites de production en Europe, car cela nécessite d'importants investissements et une connaissance approfondie des lois et de la culture locales.

Lors de la réunion du 10 octobre, les constructeurs ont été incités à éviter les discussions séparées sur des investissements avec les gouvernements européens et à travailler ensemble pour mener des discussions collectives, ont déclaré les personnes concernées.

En juillet, le ministère du Commerce chinois avait fait des mises en garde similaires en conseillant aux constructeurs automobiles chinois de ne pas investir dans des pays tels que l'Inde et la Turquie, et d'être prudents quant aux investissements en Europe.


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